Le casting de luxe de Them Crooked Vultures n’y fait rien : écouter s/t revient à assister à un match de l’équipe de France de football en 2002. Entre un meneur de jeu hier providentiel mais que l’inspiration a déserté (Josh Homme des feu métalleux Kyuss), le vieux cadre fatigué dont la discrétion polie nuit à l’identité du jeu (la basse de John Paul Jones des feu Led Zep, très très en retrait) et le bon technicien inutile sans son meneur (Dave Grohl qui frappe mais n’a trop rien à faire sur les riffs éculés de Homme), Them Crooked Vultures n’a rien d’autre à montrer que son CV hors-norme.
On sent bien ce qu’aurait pu donner ce projet s’il avait été mené à bien : une sorte de gros bœuf spontané où l’on aurait retrouvé l’identité de chaque musicien au sein de son groupe phare. Las. Jones et Grohl semblent incapables de se démarquer de chansons clairement dominées par la guitare paresseuse de Homme : pas un riff original, pas un solo qui fasse tressaillir, on baille. Comme si l’américain était si heureux de pouvoir se reposer à nouveau sur des musiciens techniques, comme à l’époque bénie de Kyuss ou des premiers pas de Queens Of The Stone Age, qu’il en aurait oublié d’être performant. Alors que c’est lui le patron, c’est lui qui tient le chant et la guitare, autrement dit la mélodie. C’est donc lui le guide à suivre.
La faute est sans aucun doute partagée. Quand on est un musicien fameux, on a son mot à dire ; et si Jones et Grohl sont aussi effacés (mis à part sur « Elephants, Elephants », « Warsaw Or The First Breath You Take After You Give Up » ou « Caligulove » peut-être), c’est qu’ils le veulent bien. Mais comme on le disait plus haut, Them Crooked Vultures c’est l’équipe de France de 2002 : après ses exploits passés, c’est un groupe qui a trop confiance en lui, n’a plus rien à prouver. Dans ce contexte, difficile de sortir quelque chose de potable… Frustrant, vous avez dit frustrant ?