Quand on se réclame de Bob Dylan, Roger Waters, Philip Glass et Arvo Pärt, on peut craindre le pire ou espérer le meilleur. Dans le cas de A Whisper in the Noise, on privilégiera la seconde solution. Personnellement, je ne connaissais pas ce groupe formé pourtant en 2002 et déjà auteur de deux albums. To Forget voit A Whisper in the Noise devenir un duo, Sonja Larsson (chant, violon) participant totalement au processus créatif aux côtés de West Thordson. Plus encore que les références suscitées donnant plus des larges pistes d’explication que des similitudes profondes, A Whisper in the Noise semble largement influencé par l’endroit où il vit. Thordson est un vrai enfant du Minnesota, né en pleine campagne. Là, le temps ne compte pas vraiment (rarement disque aura autant commencé sur la pointe des pieds par un silence devenant progressivement bruissement puis musique) et où l’hiver rude permet de voir à quel point les paysages enneigés – la neige elle-même – peut avoir de jolies nuances. Un tel environnement ne peut que marquer les esprits et la sensibilité musicale de A Whisper in the Noise est parfois à rapprocher des Islandais de Sigur Ros voire de Bang Gang (Every Blade of Grass).


A la différence de Sigur Ros justement, l’écriture folk et boisée reste toujours présente chez A Whisper in The Noise. Le temps est délayé, les sonorités recherchées, l’ambiance contemplative mais les chansons sont là, et derrière les arrangements fondus dans une même matière immaculée ressort toujours une mélodie au piano, à deux guitares (dans un magnifique écheveau sur Sad, sad song) ou au violon (Your song), d’où émerge toujours une ligne de chant belle et touchante. Ainsi la paire Larsson/Thordson en renvoie à d’autres : à celle composée par Rachel Goswell / Neil Halstead pour Slowdive (dernière période, celle de Pygmalion) et pour Mojave 3 (première période, celle de Ask for Tomorrow). De même, A Whisper in the Noise rappelle aussi L’Altra (autre duo mixte et lettrée qui ne brade pas son écriture folk et son émotion belle et pure derrière des aspirations plus intellectuelles, les fameuses références de musique contemporaine (Glass et Arvo Pärt). Avec A Whisper in the Noise, on a définitivement les deux et on sort du disque chaleureusement réconforté. To Forget est un album inoubliable.

denizor
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le 18 août 2015

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ThomasFerrandes
7

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