Adapté d'une pièce de Michael Brady, To Gillian on Her 37th Birthday réalisé en 1996 par Michael Pressman est un mélodrame qui raconte l'histoire d'un homme qui a perdu son épouse dans un accident de bateau et dont le chagrin est tel qu'il délaisse complètement sa fille.
Il s'agit du troisième score de 1996 par James Horner, et il est très proche du premier d'entre eux, The Spitfire Grill et peut-être même aussi d'un plus ancien, Dad. Mais contrairement à The Spitfire Grill, cette présente partition n'a pas une très grande palette de couleur. Il s'agit d'un travail plutôt très "sérieux" de la part de Horner, et bien que j'hésite à le considérer comme "subtile" (Horner ne laissant aucun doute sur ses intentions auprès de l'auditeur, à savoir qu'il ressente de la tristesse), c'est certainement l'une des partitions les moins démonstratives du compositeur. L'orchestre ne dépasse que rarement la taille d'un orchestre de chambre, avec beaucoup de piano et de solos. Une interprétation à fleur de peau et très intime.
Le thème principal du score (que l'on entend très fréquemment tout au long du plutôt court album), est introduit dans le premier titre "A Far Away Time”. Il s'agit d'un solo de Cor français accompagné d'une contrebasse jouée en pizzicato et de synthé, avant que les violons les rejoignent. C'est un thème très mélancolique et particulièrement nostalgique. Calme et intériorisé, mais jamais triste. Il y a même dans la seconde partie de morceau un moment plutôt joyeux qui culmine avec un arrangement du thème par les cordes, calme et vraiment magnifique.
La tragédie de l'histoire frappe dans le moment le plus sombre de l'album avec "“The Boating Accident"; Une ligne de légères touches de piano surplombée par des nappes de sons de synthé comme seul Horner a le secret, et soudainement, à 1mn20, des notes de piano jouées très graves rompent la délicatesse du début du morceau. C'est moment très pognant, illustrant la fracture dans la vie du personnage.
L'album prend alors une ton très sentimental avec "Gillian" un superbe morceau uniquement en solo de piano. C'est très lent, émouvant, et empli de grâce avec toujours ces nappes de synthé survolent toute la fin du titre. C'est mon morceau préféré de l'album, magnifiquement touchant et superbement interprété par James Horner lui-même.
“The Lighthouse” est une série de variations sur des fragments mélodiques joués au piano. Du synthé encore qui enveloppe de ses nappes majestueuses, et un sentiment de sérénité totale. C'est doux, sensible et très atmosphérique.
*"Fond Hopes… Distant Memories" est dans la même veine, plein de tragédie et de tristesse, c'est très puissant dans ce registre. "Rachel’s Dream / Gillian’s Vision" prend une tournure plus "dramatique". Bien que très lent également, on sent une tension sous-jacente au titre, avant qu'un autre superbe solo de piano reprenne le thème central. Une petite séquence s'ensuit avec des lignes mélodiques sombres de "The Boating Accident" transformant le titre crescendo en danse éblouissante (introduisant des notes de harpe), avant de revenir en conclusion de titre à un solo de piano très romantique.
"The Decision to Leave Home" est un titre plus aéré qui est un tremplin pour le dernier titre qui conclut l'album, un titre majeur de toute la sensibilité de Horner.
Il s'agit d'un titre gargantuesque comme Horner sait si bien les faire. "Saying Goodbye" est un final de près de 13 minutes qui prend à lui tout seul quasiment le tiers de l'album. Il s'ouvre avec une performance chaude et calme des thèmes secondaires du score, révélant dans la forme une sorte de précurseur au "Love Theme" de Titanic (écrit bien plus tard), avant une longue exploration plus en profondeur des thèmes principaux. (L'un d'eux sera même revisité dans The New World). Les deux dernières minutes voient l'orchestre prendre son envol pour la première fois de toute la partition, prodiguant une conclusion vraiment très belle.
To Gillian on Her 37th Birthday est une partition superbe, emplie de sensibilité et de mélancolie. Elle n'a pas l'immédiateté des plus beaux scores de James Horner, mais après une plus profonde exploration, on prend vraiment un très grand plaisir à l'écouter pour toutes les qualités énoncées plus haut.
Un score que je recommande chaudement.