Découvert sur l'indispensable Euphoriam, la musique essentiellement instrumentale de Kazumasa Hashimoto avait tout pour intéresser un cinéaste. C'est chose faîte aujourd'hui puisque de Kiyoshi Kurosawa a fait appel au Japonais pour composer la musique de Tokyo Sonata, film sélectionné et primé dans la rubrique "Un certain regard" lors de Cannes 2008. Une belle histoire d'une famille qui se désunit car chacun entretient un secret plus ou moins avouable. Un de ses secrets consiste à ce que le fils de la famille apprend à jouer du piano. Ce qui place d'emblée la BO dans une orientation plus classique et moins électronique que le précédent opus. La musique est donc généralement acoustique avec souvent une clarinette en instrument lead. Ce n'est pas pour rien que se retrouve sur la BO, Clair de Lune célèbre pièce - de piano pour le coup - de Debussy que Hashimoto se réapproprie et rend encore plus impressionniste. D'impressionnisme, il en est justement question sur toute la BO, la musique avançant par touches sur des pièces courtes.
Les morceaux ont parfois des compositions proches entre elles mais Hashimoto, non content de jouer sur la répétition d'un motif (en fan de Steve Reich ou Philip Glass) apporte toujours de douces nuances. C’est léger et aérien avec des clochettes, de la harpe, du cymbalum notamment. C'est vrai que ce genre de BO, ne jouant jamais sur l'emphase ou sur la grandiloquence (le contraire de John Williams par exemple), n’est composée que pour être un support subtil aux images du film. Il est donc presque dommage d'écouter cette BO sans voir le film de Kurosawa, les deux étant intimement liés. Plus tard, après avoir vu « Tokyo Sonata » et avoir été ému par ces histoires chorales d’une même famille, ces musiques se chargeront d’une dose supplémentaire d’émotions. En attendant, on reste parfois un peu sur sa faim. Mais en soi, des titres comme Echo, echo, vibrant et minéral comme un titre de Keith Jarrett, ou Okina Jyruyoku, grave et pénétrant, ou encore le main Thème A ou B, porteur d’une nostalgie touchante, démontrent que cette BO peut se suffire à elle-même. C'est peu et c'est beaucoup. La formule « less is more » trouve une nouvelle preuve musicale ici.