Ou comment tenter d’affronter la page tournée à sa manière

V’là t’y pas qu’en plein début de confinement lié à la pandémie du Covid19 (le vrai hein, le premier), un revenant a surgit des profondeurs d’Internet. Un certain Gilles Stella, couteau suisse ne sortant de sa discrétion si charmante que pour faire le con et parler cinéma avec ses compères Karim Debbache et Jérémy Morvan. Ces trois-là, les trublions adorables derrière « Crossed » et « Chroma », où ils ont pu faire les cons, parler cinéma et engranger de beaux succès, s’étaient momentanément désolidarisé chacun de leur côté depuis : Debbache ne veut plus être exposé à la vie publique et se consacre à la résurrection du JDG, Morvan se morve avec sa perche dans ses collaborations… Mais Stella, le gérant du petit studio au-milieu de Paris, le couteau suisse fan de Jurassic Park (alors que c’est même pas son film préféré, c’est « il était une fois en Amérique ») ? Nous avons eu la réponse, donc, en ce début de confinement : il préparait un album à l’artwork chatoyant, reprenant les morceaux phares des deux émissions avec des suppléments d’inédits, s’attelant pleinement à ses thèmes de prédilection tels que Gérard Lenorman, les dinosaures, ou encore les hamburgers, qui lui tiennent particulièrement à cœur (tragédie familiale). Comme avec « Chroma », il faisait la réclame pour un Ullule ; comme pour « Chroma », il atteignit la somme demandée en quelques heures. Ce disque d’une demi-heure, non-vendu dans les grandes surfaces mais existe bel et bien en physique (avec en cadeau un Sphinx d’Egypte sur sac de course pour les plus gaillards), que vaut-il hors le support audiovisuel ? Et surtout, que véhicule-t-il derrière ses dinos à plumes ?
D’abord, dire rapidement mon avis sur chaque morceau ! « Ton hirsute compagnon », générique imaginaire pour dessin animé à la Denver (en moins les allusions sexuelles cheloues), est rigolo la première écoute, insupportable à la quatrième. « Le twist des twists », qui spoile méchamment (pourquoi cette cruauté ??), reste très sympa. « Cheveux trop hauts », véritable duo avec Jérémy Morvan, dont je ne peux que vous recommander son clip qui a contribué à rendre mon confinement plus agréable (de vrais magiciens ces mecs), est un véritable hymne à l’amour de son prochain, via l’enfer capillaire de la condition humaine : une vraie perle, malgré cette batterie qui semble avoir le hoquet. « Droit de réponse à Gérard Lenorman » est la seule chanson de l’album qui n’est pas écoutable en présence d’enfants, pour la raison que Stella dénonce enfin le problème des dauphins, ce que tout le monde pensait tout bas sans oser l’affirmer (sauf les Japonais) ; là-aussi un morceau original, très drôle, avec un petit clin d’œil à Crossed à la fin. « Diner’s Song », une reprise rallongée, notamment avec un intervenant qui sait faire que du boudin (ou du Boudha, comme j’avais compris à la première écoute), et qui sait entrainer son auditeur dans son petit délire. « Balade Galactique », pamphlet anti-RN mais dans le monde de Star Wars, vaut le coup justement pour ces rapprochements fumeux (et cet étrange personnage anonyme qui s’incruste sur plusieurs morceaux pour commenter les actions…). « La chanson des Etats » est mon morceau préféré, pas seulement parce que c’est un faux duo avec un homme qu’aucune personne normalement constituée ne peut détester, à savoir Karim Debbache, et un véritable trio avec l’intervention magique de Jérémy Morvan sur un chœur : c’est surtout parce que je trouve que c’est une chanson qui ne peut que te faire sourire, te rendre heureux pendant trois minutes (et ça c’est cool). « Pas de plumes », ou la souffrance d’un homme de devoir reconnaitre la réalité biologique en face : déchirant, même si je trouve que les paroles auraient pu être meilleures (ça aurait été trop bien de rajouter un kazoo, non ? Ah bon). « Dino Disco Laser », la version longue TRES demandée, et qui déçoit pas (épisode référencé : « Carnosaur », le dernier épisode du trio via « Chroma »). « Président de l’amour », déclaration d’amour à Jeff Godblum, avec un résumé de chaque personnage de l’album (comme s’il était un micro-monde…), est très jouissif, et doit encore beaucoup de son charme à l’utilisation d’un chœur. « Attention Dino Danger », enfin, dans une version définitive à la Disney, perd en naturel déconnant ce qu’il gagne en grandiose improbable ; et je crois que cette description pourrait résumer tout le syndrome dont pourrait « souffrir » Gilles Stella.
Ses fantaisies avec ses deux copains, avec qui il pouvait pleinement exprimer ses différents talents, sont révolus depuis 2017. Depuis, il a déjà souvent fait référence aux épisodes des émissions, il a été le premier avant même Frédéric Molas à expliquer pourquoi l’ami Karim ne reviendrait plus sur le devant de la scène avant un bon moment. Peut-on tourner la page lorsque celle-ci fut à la fois si fulgurante et extraordinaire, alors que l’internet entier vous réclame et vous recite comme des références à longueur de forums, alors qu’elles ont fait de vous un personnage public ? Stella semble y répondre dans ce disque : c’est très compliqué. Tous les morceaux font référence aux émissions, explicitement ou implicitement, et surtout reprennent leur état d’esprit : sur le fil de la niaiserie car voulant constamment inspirer la bonne humeur (c’est pourquoi cet album, à part le Droit de réponse, est parfaitement écoutable avec un gosse, on est à la limite du disque de comptines). La preuve ultime, c'est quand même la mention de... François Hollande dans "Président de l'amour" : en quelle année il a quitté l'Elysée ? Et oui, 2017... Alors OK, l’album est très fun et je vous le recommande, c’était totalement prévisible que ce serait le cas, ce genre de mec ne peut pas nous décevoir, surtout avec la transparence de sa cagnotte Ullule. Mais finalement, Stella, hors ses compères et leur environnement, c’est qui ? Si il devait faire un deuxième album, ça parlerait de Dorothée, les extra-terrestres à la Alf, ou encore les moustaches, qui lui tiennent particulièrement à cœur (tragédie familiale) ? C’est pourquoi j’espère que ce disque est sa manière de tenter de passer à autre chose : pourquoi ne pas proposer son propre travail sur Youtube, si ça lui plaisait autant ? Je suis sûr qu’on serait plein à le suivre !
En attendant, n’oubliez pas : les dauphins sont des violeurs (un homme averti en vaux deux), et surtout, on dit pas du mal de Spielberg. Que ce soit de « 1941 », de « BGG » ou de « Jurassic Park : le Monde perdu ». On fait évidemment exception avec « Indiana Jones 4 », mais en n’oubliant pas d’émettre deux-trois miettes qualitatives cependant.

Billy98
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le 22 mars 2021

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Billy98

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