Premier vrai faux album d’Asia Argento, Total Entropy est loin de remporter une totale adhésion. Un album plein d’électro(s) où il y a à boire et à manger : de bonnes choses mais aussi du remplissage et de l’anecdotique.
Asia Argento, on l’adore ou on la déteste : il est difficile d’avoir un avis pondéré sur cette touche-à -tout. D’autant plus que la dame a une certaine tendance à , se délecter de provoquer le scandale partout où elle passe. L’Italienne a pour elle l’envie passionnée de faire des choses et la musique n’est qu’une corde à son arc, parmi d’autres. A ce titre, Total Entropy n’est pas à proprement parlé un album mais la compilation de toutes les collaborations et projets musicaux qui ont émaillé la carrière d’Asia Argento durant la dernière décennie. D’où la longueur du disque et son caractère pour le moins éclaté. Remarquons au passage qu’un titre comme Je t’aime moi non plus mis au crédit jusqu’ici de Trash Palace et Brian Molko featuring Asia Argento s’est subitement transformé en opportuniste, Asia Argento featuring Trash Palace et Brian Molko ; un petit switch qui peut poser des questions sur la paternité (ou la maternité) de certains morceaux où l’on peut voir en, l’Italienne plus une inspiratrice, une muse même, qu’une véritable créatrice. Passons…d’autant plus que la reprise de Gainsbourg n’a pas grand intérêt.
Musicalement, bien que disparate, il y a , des constantes à trouver dans Total Entropy, notamment l’électronique dont la jeune femme semble avoir fait sa plus sérieuse amie. Celle-ci est devenue par ailleurs dj-ette à ses heures. On attendait une Courtney Love excitée, on découvre une égérie sensuelle, parfois ouvertement sexuelle (Double jeu permet à Hector Zazou de trouver sa Bardot) ou sussurant d’une voix érotique sur des ambiances de raves (Someone, avec Archigram). Mais même troubles, les ambiances sont empreintes, de douceur. Même si la voix tendance Marianne Faithful semble avoir été façonnée par la cigarette, il se dégage une certaine volupté dans les intonations de l’Italienne (Ours featuring Tim Burges des Charlatans). , Peu de guitares à l’exception Life is enough for you et son petit côté Lou Reed. Les titres composés par Morgan – ex de la jeune femme – sonne indus, plutôt bien fichue d’ailleurs, mais sont loin de la force d’un Trent Reznor. Seul My stomach is the most violent of all Italy bâti sur un riff craspec, remplit la case rock mais la voix parlée d’Asia – associée à celle de Paulo Furtado (the Legendary, Tigerman) en désamorce la violence.
Dans ce fourre-tout que représente Total Entropy, faisant fi de ce questionnement légitime sur le rôle véritable d’Asia Argento dans l’entreprise et le sentiment tenace qu’il y a là une bonne dosé d’opportunisme, deux titres parviennent aisément à dépasser toutes ces polémiques. Ils le doivent à leur qualité, leur pouvoir d’évocation et leur mélancolie diffuse : Ugly Duckings est particulièrement envoûtant avec cet accordéon qui n’en finit pas de vibrer dans un monde à la dérive. De même, Le sacre du Printemps featuring Anton Newscombe de Brian Johnstown Massacre laisse une trainée de cordes, de guitares et de textures électroniques aux oreilles conquises de l’auditeur et ressemble à une chute sans fin dans une image au ralenti. Deux titres qui sauveraient presque un album inégal.