On ne le dira jamais assez : il ne suffit pas d'avoir de bonnes chansons pour faire un bon album. On l'avait déjà constaté chez Bowie avec Stage en 1978 qui, d'album médiocre à l'origine, est devenu très bon lors de sa réédition de 2005. Pourquoi ? Parce que l'ordre initial des chansons était mauvais.
Lorsque la version inachevée de Toy est parue en pirate il y a dix ans, ce fut à peu près la même chose. Les chansons ne se mettaient jamais en valeur les unes les autres, il manquait les plus énergiques ("Can't Help Thinking About me", "Karma Man")* et le tout était plutôt monorythmique et souvent dans des versions inachevées. C'était un peu comme pour un film mal monté en quelque sorte. D'un album tiède et un rien mal foutu, on redécouvre donc Toy (2000) sous un aspect beaucoup plus plaisant, et justement parce que l'ordre des morceaux leur profite et que le rythme varie enfin, offrant désormais à l'auditeur des contrastes sonores.
Ce n'est certes pas non plus ce que Bowie a fait de mieux dans sa carrière, et on regrettera l'absence de "Afraid" qui avait été conçue pour l'album et qui a été placée sur le suivant (Heathen), comme "Uncle Floyd (Slip Away)", réenregistrée. "A Hole in the Ground" et "Your Turn to Drive" sont deux chansons qui comptent parmi les plus insignifiantes de l'artiste et la pochette de l'album est sans doute la plus laide de toute sa discographie (il y avait pourtant de la concurrence avec Never Let me Down, BBC Radio Theatre, All Saints et Reality).
Comme souvent, je me suis donc concocté ma propre version de l'album en substituant aux deux intutilités susdites cinq morceaux enregistrés à la même époque, et c'est beaucoup plus appréciable : https://www.deezer.com/en/playlist/9608331962
Et la playlist des morceaux originaux : https://www.deezer.com/en/playlist/9857731642