J'ai fait un bac L, allez vous faire foutre.
Pourtant cette équation venant de l'inconnu rappelle mine de rien les diverses influences d'Alex Turner. Cet homme est-il trop central dans cet équation à quatre membres ? Il serait dommage d'oublier que le groupe détient Matt Helders, un batteur extrêmement doué de sa génération, la basse juste de Nick O'Malley, et la guitare folle de Jamie Cook.
L'évolution perpétuelle du groupe depuis ces débuts tournent de plus en plus autour du frontman, et là, ça passe ou ça casse. (Et en général, quand on sort cette expression nulle, c'est que ça a du mal à passer (titre))
La préparation de cet album, c'est Turner qui s'en est occupé, en commençant à composer à partir de son nouveau piano, offert par quelqu'un qu'il aime bien. (J'ai lu un article qui expliquait cela, j'ai pas réussi à mettre la main dessus, si vous l'avez, je serai content.)
Alors le petit Turner, il s'amuse avec son piano, et laissant de côté la guitare.
Évidemment, ça se ressent.
Évidemment, ça va crier sur les réseaux et les critiques.
La critique est carrément divisée, beaucoup plus qu'avec Suck it & See, et encore plus qu'avec AM.
D'un côté, on critique l'ennui à l'écoute de l'album, de l'autre on salue la composition fine et agréable. On s'emmerde pour certain, on profite pour d'autre.
Et c'est vrai que ce n'est pas la grosse fête sur cet album, et je comprends que les fans ardu du groupe en manque de nouveautés rock soient déçus, mais pas choqués. On est clairement dans des compositions d'Alex Turner de plus en plus personnelles, ces camarades ne faisant "que" de la figuration. Et pourtant, quelle figuration. Même si les rythmes endiablés sont aux abonnés absents, Matt Helders a toujours une maîtrise parfaite de sa batterie afin d'accompagner le piano et la voix de Turner ainsi que la basse d'O'Malley. Pour ce dernier, je trouve même que la basse dans cet album occupe une place plus intéressante que dans AM.
La voix d'Alex Turner est intéressante et maîtrisée tout au long de l'album, et sa qualité d'écriture n'est pas à renier.
On détient dans cet album des chansons qui n'ont rien à envier aux qualités des précédents opus, avec Four Out to Five ou encore The Ultracheese, mais cela ne suffit pas pour que les chansons marquent les esprits. On est bien loin de l'album rempli de tubes et de chansons marquantes que l'on chantera à tue-tête... On a ici un album chiadé, maîtrisé dans sa composition et dans sa production, avec la force d'écriture de Turner. Mais on ne peut profiter à fond, on se plaindra même de ces mimétismes un peu redondant -voire exécrable- de la voix de crooner à l'américaine qu'essaye de singer Turner, on se retrouve même à douter de la pertinence de certaines chansons comme Batphone dans l'album...
Que faire avec cet album ?
Il n'est pas mauvais, les qualités du groupe sont toujours présentes. Mais ce virage que commençait déjà à tracer AM est très bancale. À vouloir faire plus intimiste et plus mature, on s'identifiera moins dans cet album, nonobstant l'envie de continuer de les voir sur scène est toujours là, et écouter leurs prochains albums studio seront -à mon avis- très intéressants, afin de voir comment il vont se débrouiller avec ce chemin qu'est en train de prendre nos singes de l'Arctique.
Je trouve que depuis quelques mois (voire quelques années), nous rentrons dans une période où énormément d'artistes à succès dans le passé se sentent obligés de changer leur style et leurs nouvelles créations, ressortant alors une déception globale des fans. Ils sont nombreux à vouloir changer de style dans leurs derniers albums (Franz Ferdinand, Gorillaz, MGMT, Girls in Hawaii...), certains réussissent, d'autres moins.
Nous faisons face à des créations de plus en plus changeantes et personnelles, et je suis convaincu que l'avenir nous réservera de belles choses. Mais pour le moment, on est clairement dans une phase de transition très particulière.