Album à la fois euphorique et calamiteux, futuriste et vintage, rose et morose, organisé et bordélique, maîtrisé et chaotique. Laylow ne nous propose pas juste un album, mais une expérience unique.
L’album commence par une intro d’initialisation au programme Trinity, un logiciel de stimulation émotionnelle. Né de l’esprit tourmenté de l’artiste, Trinity est sans doute une référence à Matrix qui fait ressentir pour l’utilisateur les émotions. Lors de cette expérience, l’utilisateur sera guidé par l’intelligence artificielle Trinity à travers 15 programmes distincts qui augmenteront son niveau d’adrénaline, d'ocytocine et de cortisol. La thématique tourne beaucoup au tour des femmes, de la drogue, de l’argent, de l'alcool, de la tromperie, du manque et des regrets.
On y retrouve des morceaux binger, violents et insolents surtout dans la première moitié de l’album comme ‘’MEGATRON ’’, ‘’HILLZ ’’, ‘’ PIRANHA BABY’’ et ''AKANIZER‘’ . D’autres, plus doux et mélancoliques comme ‘’ BURNING MAN’’, ‘’ LONGUE VIE... ’’, ‘’ MILLION FLOWERZ’’, ‘’ LOGICIEL TRISTE’’ ainsi que ‘’NAKRé’’ qui est un des morceaux les plus tristes que j’ai écouté. Il se lâche avec un flow apaisant et des mots très touchants.
‘’Laylow, si seul, dans l'atmosphère
J'me bats, j'm'aime pas, à quoi ça sert ?
Mais là, moi j'veux juste, mourir avec honneur
J'raconte, cette life, si triste, si pénible
J'me délivre, seulement quand j'me noie’’
On retrouve aussi un song story telling qui raconte la décadence d'un homme. Chaque couplet du son provient d'un personnage différent : le chômeur, sa femme, sa fille et un huissier qui vient embarquer tous les meubles de la famille.
J’ai remarqué que ceux qui découvrent Laylow pour la première fois, rentrent directement dans son univers ou alors détestent complètement. C’est compréhensible, certains ont du mal avec son flow et son autotune. À vrai dire, moi aussi, j’ai eu du mal avec quelques morceaux de ses anciens projets. Mais Trinity est une toute autre histoire, je trouve qu’il a vraiment step up. J’ignore comment il fait, mais il maîtrise l’autotune et sa voix se marie parfaitement avec les prod.
Au fils de la première écoute, j’ai fait le lien avec plusieurs rappeurs. Le Format de l’album et le coté logiciel robotique me rappelle l’excellent ‘’cyborg’’ de Nekfeu. Quelques prod me rappellent Travis Scott, son flow dans certains sons me rappelle Sneazzy, celui du story telling me rappelle Orelsan. Cependant, son projet dans sa globalité est juste unique et atypique. Je ne vois pas d’autre rappeur qui peut proposer un projet similaire. C’est du Laylow.
Bref, trinity est une œuvre d’art, c’est une mosaïque composée de plusieurs morceaux, tous différents les uns des autres ce qui fait de ce dernier un album complet. Un album que j’espère sincèrement va l’introduire dans la cour des grands et le propulser dans le sommet du rap game. Laylow est un artiste bourré de talent et il est temps pour lui de prendre sa part du gâteau.