Ajout : Structure et éléments de compréhension de l'album
- Les sociétés modernes nous imposent de réduire drastiquement notre activité émotionnelle au profit du défi consumériste. Né de l’esprit tourmenté d’un humain, Trinity y remédie en faisant ressentir à l’utilisateur les émotions qui font de lui un être sensible à nouveau.
Dans ma critique du projet RAW. j’avais déjà pressenti la volonté du Lay d’éclater les frontières de notre triste univers machiniste moderne, j’avais déjà lithographié le désaccord entre son moi profond et le monde. Un monde forgeant nos boulets et nos entraves, nous laissant incapable de nous échapper, de fuir alors qu’ici rien ne répond plus à nos besoins de cœur et d’âme. Ses yeux savaient trop de choses pour s’être nourris nuit et jour de la pourriture d’autrui et du dégoût des draps défaits....
Dernière sauvegarde de nos équilibres nerveux, mentaux et physiques.
Mon putain d’instinct confirmé par le paragraphe présent sur la jaquette que vous trouverez suscité.
Ainsi Laylow invente Trinity pour retrouver des émotions plus pures, plus vraies. accepter la réalité…. Voyez le dernier élan, la dernière chevauchée destinée à mélanger l’art et la vie pour la rendre moins insupportable.
Les petits esprits journalistiques, corbeaux malades au bec anguleux, viendront picorer dans ma cervelle juteuse, splendide de sang, les idées qu’ils sont bien incapable d’avoir, les liens qu’ils sont incapable de tisser.
Tout le monde pourra comprendre les rapports évidents de construction entre l’album Trinity et la trilogie Matrix. Laissons donc aux petits malins le soin de se rouler dans des marécages fangeux d’idées ternes pour expliquer l’évidence.
Beaucoup gloseront sur la teinte verte qui couvre le projet et certains visuels, sans en comprendre la véritable portée symbolique : Suite de nombres, référence à la matrice etc…
Après le rouge de RAW. , le bleu nuit de RAW.Z., vient le vert de Trinity, couleur de la renaissance, de la mutation.
Le trois est nombre parfait, l’institution symbolique de la Grande Loi « Trois sont Un ».
Comprenez bien : Trinity est un projet Ultime et Laylow y fait saigner sa lumière.
Trinity ____________________________________________________
L’album est construit autour de Trinity un logiciel de stimulation émotionnelle. Il permet à un être toujours plus étranger à lui-même, de se reconnecter à ses émotions profondes via différentes situations, différents mélanges, différentes interventions. Trinity est une porte d’entrée vers les espaces intérieurs de Laylow avec ses ciels noirs d’épais corbeaux, sa vision rouge aux éclats incarnats et ses lacs argentés où nagent des piranhas à la peau métallisée. Et parfois ce grand TOUT cuit dans un chaudron d’onyx oublié du soleil.
Il est important, je crois, de voir que Trinity n’est pas un ailleurs parfait, un paradis perdu auquel l’homme pourrait se connecter pour fuir son réel. Au contraire, il s'agit d'une une forme de simulation permettant une confrontation direct avec soi-même, sans intermédiaire, le logiciel ne peut créer sans le sujet. De là, l’expression récurrente du doute sur le projet, l’incapacité de nier ce qui est caché et les effluves d’une violence qui était latente. Trinity ne peut être qu’une expérience personnelle et rien d’autre.
L’architecture du projet est donc fournie par les interventions de Trinity et le dialogue que Laylow entretient avec « elle ». Tout au long de l’écoute, l’auditeur respectueux et attentif se demande si Trinity existe en tant que femme, si elle les symbolise toutes ? si elle n’est qu’un logiciel … Qu’un rêve…
Prend-elle forme ? Réveille-elle seulement les chimères qui végétaient en lui ?
« Je me suis attaché à toi… à vous… Excusez moi »
Sa dernière intervention est décisive : alors que Laylow épuisé par l’expérience, épouvanté d’avoir pétri sa chair qui saigne, lui demande si elle est réelle, le logiciel répond: « Je suis désolé […] Je suis Trinity logiciel de stimulation d’émotion. »
Laylow a inventé son propre domaine, ses formes nouvelles, ses flows, ses images pour enrichir notre fade réalité. Le suprême plaisir ayant toujours été de rendre réel ce qui n’existe pas, d’inventer son propre type de Vie.
A l’auditeur donc de décider si ce qui compte réside dans une sensation purement sensorielle, intrinsèquement lié à une situation concrète ou dans la perception fine d’un monde intérieur, irrationnel et obscurément conscient que notre monde tend à laisser mourir.
Le long des lourd piliers et des sombres vitraux, buvons les vins ardents où rit l’or des cieux et commençons par : « Il était une fois sous l’eau. »
ARCHITECTURE DE L'ALBUM ___________________________________________
Après plusieurs écoutes, il est possible de dégager une histoire plus précise qu’un simple échange entre Laylow et Trinity. Il faut, je le dis maintenant, noter l’orthographe du Z qui vient nous rappeler que nous sommes dans une réalité 2.0, que nous sommes dans la tête du Lay’
L’initialisation nous dévoile le fonctionnement du logiciel : interface personnelle, code…
C’est donc l’utilisation de Trinity sur Laylow que nous allons suivre ! Trinity étant neutre et s’adaptant à chacun.
Suivent Megatron et Dehors la Night symbolisant les deux facettes extrêmes de Laylow l’une de feu et de puissance l’autre de mélancolie et de noir.
Trinity réagit à cette énergie : « Vous semblez mélancolique ce soir » et lui propose la première simulation en « territoire extérieures » pour le sortir de cette passe.
Suit Hillz (Les collines) à la fin duquel une discussion entre Laylow et S.pri Noir nous est transmise. Alors que dans le titre Laylow dit être accompagnée :
« J'suis dans la vallée, je roule, contrôlé, j'ai les yeux rouges
Elles ont mis tout dans le nez parce qu'elles en ont rien à foutre »
Il remarque quand même une femme et Spri lui dit qu’elle s’appelle Trinity.
C’est donc la première rencontre entre l’artiste et celle que nous suivront tout au long du projet…
PLUG évoque une possible nouvelle rencontre entre Laylow et Trinity, en deux mots : il lui exprime son attirance etc.
Deuxième interlude avec Menu Principal : Interface du logiciel, le aonnexion entre le logiciel et Laylow et parfaite. Il en profite pour choisir les émotions qu’il veut ressentir « choix confirmé »
Piranha Baby : Une violence et une énergie si puissante et rare que le logiciel s’inquiète et parle de « Taux critique », pour se protéger il crée une nouvelle stimulation « Sur le parking. »
Vient donc TrinityVille : », Le logiciel donne à nouveau forme à Trinity : « Elle chauffe mon cœur sur le parking » , elle cherche à « s’insérer » dans la vie de Laylow.
Mais l’artiste la prévient, il ne « pourra jamais l’aimer jusqu’à l’infini ».
La relation entre les deux commence…
Deuxième interlude : Mieux vaut pas regarder Part1 : Radio évoquant la voiture, le slogan "If nobody understand you, we do" crée une mise en abîme car l'auditeur à l'âme blessé se sent lui aussi reconnu dans l'album. On entend la voix de Trinity mais elle est immédiatement éteinte par des coups sur la vitre et un homme parlant à l’extérieur.
Plus de simulation, une part de réalité revient, et... il est sans fards.
Vamonos dont le refrain « mieux vaut pas regarder » donne tout le cachet au titre, mieux vaut fermer les yeux sur le réel. Car nous comprendront après que c'est un mendiant qui vient frapper à la vitre, " Je veux pas regarder la misère du monde ".
Akanizer ; rapide intervention de Trinity pour annoncer que la température est trop élevée, surchauffe.
On retrouve une violence similaire à Piranha Baby, le logiciel annonce son « crash » et un « retour à l’état initial ».
Les sons agressifs apparaissent comme de "cris", comme des engueulades, des excès dans une relation. Ils sont sont à la fois trop chaud pour Trinity(le logiciel) mais aussi trop durs vivre pour Trinity (fille imaginaire)
Après avoir été trop intense, Burning Man correspond l’expression intime d’un mec saoul, triste et seul : la voix est lente, il parle de se détruire, « je brûle mais tout est sous contrôle »
Troisième interlude : Il était une fois sous l’eau. Chez Laylow être « sous l’eau » signifie être ivre. On retrouve phonologiquement les mêmes sons : « sous l’eau » = « SA-OUL » ;)
Cette interlude renforce mon idée concernant l’état du Lay sur le précédent titre.
Alors que l'esprit deLaylow est altéré par l’alcool, le logiciel/Trinity exprime son attirance, « Je me suis attaché » et confond le « toi » et le « vous » plus formel. Tout cela n’est finalement destiné qu'à pousser Laylow dans ses retranchements.
Longue Vie : Tristesse sur consciente d’un homme qui voit le et son réel tel qu’il est, sans voile, peu importe le succès, peu importe le changement de vie.
Quatrième interlude : Mieux vaut pas regarder PT 2 : « Les taux » qu’on imagine liés aux hormones comme les endorphines, la dopamine etc.. sont « au minimum ». La tristesse de Laylow, son mal être est trop profonde.
Trinity pour le sortir de là lui propose différentes stimulations que Laylow refuse, il prefère se débrancher.
Un type intervient et (celui de la partie1) lui demande de l’argent, puis du Whisky, bouteille que Laylow porte sur lui. Nouvelle confirmation de son ivresse possible sur les précédentes expressions de lui-même.
Vie de Batard : l’histoire du mec qui parlait avec Laylow précédemment. Réel triste, sans maquillage, sans bon sentiment. Toute l’horreur de l’humanité moderne et fade.
Cinquième Interlude : Tentative de reconnexion : Face à cette brutalité, Laylow cherche à se reconnecter, à retrouver Trinity. Mais cela ne fonctionne pas, une voix féminine le rejette profondément.
Reconnexion peut s’entendre aussi comme « reconquête » comme volonté de retourner vers celle qu’on a aimée. Il y’a une confusion entretenue entre le logiciel et l’idée d’une vraie Trinity.
Faut-il rappeler quand dans Matrix c’est Trinity qui éveille des sentiments amoureux chez Néo ?
Poizon : On retrouve le Z propre aux sons lié au logiciel Trinity. Laylow exprime sa perte de contrôle sur une relation amoureuse. Il se sent condamné à lui faire du mal, il le regrette mais elle reste attirée
Nakré nous apparaît comme une prise de conscience, il commence à reconnaîtrede ses tords, il demande pardon « je suis navré »...
Million Flowerz, la dernière tentative, le geste romantique par excellence, se pointer à la porte de celle qu’on aime mais qui nous a repoussé. Exprimer ses doutes, ses envies frustrées, sa tristesse…
Trinity, sans pitié refuse les fleurs « ça ne m’a fait aucun effet ».
Laylow est renvoyé à lui-même.
Il est seul, il termine l'expérience seul, Trinity n'est qu'un espace.
“Le manuel d'utilisation” pour n'importe quelle machine nous permet d'en comprendre le fonctionnement.
Ce titre sonne comme de résolution, à la fois pour Laylow et pour l'auditeur.
Si le doute subsistait, maintenant ce n'est plus possible : Trinity n'est qu'un logiciel.
C'est l'achèvement d'un parcours.
Trinity lui dit : “C'est la question qui nous guide” autre manière de dire que c'est toujours le chemin qui compte.
Quel est ce chemin ? Probablement celui de l'introspection et de la relation amoureuse avec sa rencontre, ses excès, sa violence, la reconnaissance des tords (Nakré) et la reconnaissance de l'autre (Million de FlowerZ).
Si Laylow demande “C'était réel au moins ?” cela a peu d'importance, c'est ce qui lui explique Trinity. Ce qui compte, c'est ce que l'artiste a tiré de cette expérience pour évoluer : reconnaître ses tords, ses doutes, son mal…
Peut-être l'idée vient-elle de la trilogie Matrix dans laquelle les machines, sans soleil, tirent leur énergie de l'activité cérébrale humaine.
Ainsi, Trinity en stimulant/simulant une relation amoureuse permet à Laylow d'évoquer l'ensemble des facettes du prisme de ses émotions.
Enfin Logiciel Triste vient conclure l’album, l’expression d’une âme qui se sent condamné à être triste, ne pouvant être autre chose.
D’ailleurs nous réentendons la pluie si chère à l’imagerie auditive de Laylow (Hello Raw.Z.)
« Extinction du programme. »