La foire du rap m'est inexorablement inextinguible et il n'en demeure pas moins pour les artistes qui manifestent un semblant de singularité. Laylow a cette particularité au terme de laquelle s'articule un rap abstrait qui est, selon moi, uniquement un point de casuistique bourgeois. Je ne fustige pas cette méthode de substituer son manque de talent par une recherche d'originalité, la preuve est que la poésie de R.Desnos procure en moi une excitabilité bien mystérieuse.
La rectitude ainsi que l'accessibilité du rap fait que cet art attise de manière propensionnelle la curiosité de l'éco-système prolétarien et les habitants de ce dernier s'enquirent peu à peu du phénomène malgré les quolibets des suçoirs des abîmes qu'on appelle en langage vernaculaire « journalistes ».
Je me réveille enfin de l'exposition de Trinity. Il m'a fallu 24h pour sortir de ce cauchemar que la Lumière parmi les lumières (Koba la Détail) ne m'avait trop guère disposer à subir tant son génie me redonna foi en le Beau. Cet album étant elle-même pour moi une vision d'apocalypse dont l’étonnante horreur me détruisit, que j'eus le besoin de baguenauder dans Le Coran et La Bible.
Les propos de Laylow sied que sa verve romantique puisse tant séduire l'auditeur, or, c'est uniquement une stratégie pour amouracher son public, les tournebouler vers une démesure et un mal extrême : la démesure, la passion déraisonnable, le romantisme du tiroir.
Ceux qui briguent son génie perdent leur temps. Ce n'est pas en étant à contre-pied dans le rap qu'on fait du bon rap, tout autant que ce n'est pas en faisant du satanisme qu'on fait de la bonne religion.
En ce sens, pouvions nous dire que Laylow est l'antéchrist du rap ?
Et alors, si antéchrist il y a, qu'est-ce que le rap christique ? Celle de Koba La Dieu, Lumière parmi les lumières (voir critique: https://www.senscritique.com/album/VII/critique/213299064)
Voyez-vous, il est tout simple. Il suffit de comparer quelque peu le rap de Laylow avec celui de Koba la D pour remarquer la distance primordiale, même absolue, des deux potentats : Si Koba La D vulgarise la voix d'en haut, Laylow la brouille. Ses propos sonnent comme une pétarade borborygmiques et logorrhéiques : on ne comprend pas ce qu'il dit, on se contente de bouger la tête, rien de plus.
Trinity n'est ni bon ni mauvais, il existe et c'est déjà bien trop ; je vais être plus intime que d'habitude et déclarer qu'une tristesse énorme est sur le monde. A l'exception des scélérats commerçant ou du marketing qui s'enrichissent de celle-ci et qui craignent de la voir finir, à l'exception des prostitués en costard cintré de tous les étages qui se soûlent du sang des victimes, on n'entend partout que des lamentations ou des sanglots. Que nous reste-t-il ici-bas ? La beauté du monde mais qui est d'avantage travestie que hier et moins que demain. Et la tristesse infinie menace la terre comme les eaux du grand Déluge. J'ouvre une page de la Génèse et voici sur quoi je tombe : « Tenebrae erant super faciem Abyssi » ("Les ténèbres couvraient la face de l'abîme").
Et puis, baisse le volume des basses enculé.