Avant de rentrer dans Trône il faut admettre une chose, chaque sortie d'album de Booba est un événement en soi. Et ça dure quand même depuis plus de 10 ans, Booba a sans aucun doute la longévité dans le Game la plus impressionnante. Le génie est surtout de voir qu'il a été sur le trône du rap autant dans la période du rap dit plus conscient ( avec Mauvais œil, Temps Mort….) que dans la Trap aujourd'hui (avec Nero Nemesis et quelques pépites dispersé dans Futur et D.U.C).
Depuis Nero Nemesis, le rap a-t-il changé ?
Parce que Booba tel un des plus grand caméléon, a toujours su rester à l'écoute de ce qui se faisait et de ce qui fonctionnait, de la sorte que lui aussi s'adapte tout en apportant sa patte et c'est tout à son honneur.
Donc, depuis fin 2015 quel changement s'est produit au sein du rap français?
En premier lieu, on a de nouvelles sonorités qui sont venu s'implanter dans le rap et qui on permis a beaucoup de rappeurs d'effectuer leur plus grand succès commercial.
L'Afo Trap. On a tendance à minimiser l'impact qu'a eu MHD et son triple disque de platine (!) sur le Game, mais pourtant de ce mouvement c'est bien lui le précurseur. Les autres ont suivi, Booba peu de temps après a sorti DKR (énorme succès), Kaaris a sorti de loin son plus gros succès commercial, Tchoin, et ainsi de suite, presque tous les autres ont suivi le mouvement tentant 1 ou 2 ou 3 morceaux afro trap histoire d'augmenter le potentiel commercial de leur album.
Un succès pas très étonnant quand on voit la simplicité de la rythmique des prods qui font fort penser au Raggaeton où on peut danser, chanter dessus sans problème.. que demander de plus ?
Donc logiquement avec DKR, je compte 3 autres sons Afro-trap : Trône, Ca va aller, à la folie.
Trône est plutôt réussie, A la folie est plus que dispensable, il fait très sous DKR, Ça va aller, le couplet de Booba est très bon mais après Niska gâche le son en délivrant un couplet très faiblard, où on voit bien qu'il était pas très inspiré..
« Attends, attends, attends, attends (hein ?)
On veut mougou, pan (pan)
Ounga, ounga, ounga, ounga (tiens), orang-outan
Fouka-fouka, fouka-fouka »
C'est non. Beaucoup trop facile.
Mais dans l'ensemble il faut avouer que Booba a le mérite de ne pas recopier la recette de base de l'afro-trap avec ces grosses basses qui se répètent et se répètent tout le long du morceau.
Deuxième grosse influence dans cet album que j'ai noté est celui de son propre morceau 92.I Veyron qui je m'en souviens très bien lorsque N.N est sorti était le morceau chouchou de l'ensemble du public mais normal Booba arrivait avec une nouvelle facette, un morceau chanté, autotuné, mélodieux, et c'était sacrément réussi.
Si on élargissait cette influence je pense que sans mauvaise foi, on pourrait mentionner PNL.
Dans Trône, dans la même veine, on trouve Friday (réussi) et Ridin ( très réussi) et Petite fille (aussi réussi) écoutez le début de Petite fille et le début de 92I Veyron à la suite, assez flagrant.
SI on ne s'arrêterait que là en décortiquant la volonté de Booba dans ces différents morceaux, on peut déjà voir que l'album a un ÉNORME potentiel commercial.
Est ce que si Booba avait sorti Nero Nemesis cette année, aurait il eu le même impact qu'il y a un an ? Non, sans doute moins. Le rap aujourd'hui se veut beaucoup plus mélodieux, les genres s’entrecroisent, se mélangent, et encore un fois Booba en est tout à fait conscient et sort cette semaine, l'album logique qui l'assure d'atteindre le platine et sans doute plus.
Et si les 2 visages qui ont profondément changé la musicalité du rap français ces dernières années étaient MHD et PNL ?
La carte Damso
Et comme si tout cela n'était pas suffisant, il déploie aussi une autre carte de son jeu pour porter le coup de grâce , le featuring tant attendu avec Damso. Le maître qui invite l’élève. Et simultanément, l’élève qui dépasse le maître.** Booba est lucide et ça m'étonnerait qu'il voit Damso comme un concurrent mais bien comme son poulain qui l'assure de continuer son héritage musical le 92.I.
Et l'héritage est assuré quand on voit le talent inouï de Damso et de la place qu'il a acquis dans le rap français.
C'était pas flagrant, mais j'ai parfois eu l'impression d'entendre quelques tiques musicales de Damso présent dans Trône.
Succès assuré ?
Au final, Booba est-il toujours le patron ? Sûrement oui. On va voir comment se vend l'album, mais je suis prêt à parier que ça sera un gros succès, l'album est en phase avec son temps, et Booba a suffisamment d'expérience pour s'en sortir avec les honneurs en proposant des morceaux aboutis dans ce qu'ils entreprennent de faire.
Booba est synonyme de savoir faire, un savoir faire unique qui l'élève au sein des plus grand rappeurs français.
L'album ne m'a pas complètement convaincu, faute à une sur-utilisation de l'autotune qui rend beaucoup trop de sons lisses, alors que Booba possède une voix charismatique conçu pour proposer du sale. Mais le Duc ne s'est pas vendu, juste adoucit.
J'ai une large préférence pour le Booba de Nero Nemesis plus sombre et hargneux, celui qu'on retrouve dans Trône avec les titres tels que Centurion, Drapeaux noir, Nougat, Terrain ( la prod à la Metro Boomin/ Southside fait très plaisir).
L'écriture reste toujours aussi incisive ( même si loin d'être constante), pas mal de punchlines ont retenu mon intention, si il a bien gardé une chose tout au long sa carrière, c'est son talent d'écriture.
Donc, bien joué le Duc, encore une fois, il confirme : il a bien touché la cible.
""Booba", "échec", j'n'ai pas trouvé de lien
Parler de mes défaites, c'est ne parler de rien"