Personnages jamais morts, destinés à se réveiller ou à se manifester de nouveau : Alexandre le Grand, L’Empereur Julien, Frédéric II, Napoléon, et maintenant le Duc.
Depuis des siècles, le destin de l’Occident s’obscurcit. De furieux agendas ont agi, injectant un sang dégénéré qui sape nos forces matérielles et spirituelles, au point de nous ôter toute possibilité de révolte. Les vérités qui peuvent nous faire entendre l’ancien monde ne sont pas de celles qui s’ « apprennent » ou qui se « discutent ». Elles sont, ou ne sont pas — et le Seigneur du Mont Valérien se les rappelle. Le Duc s’est finalement fait Roi. S’il n’est plus Elie Yaffa, c’est parce qu’il s’est donné une forme, que son être lui appartient comme le glaive appartient à l’Empereur. Sa vie n’est plus dispersée, elle ne se précipite plus ça et là, en quête des autres pour se compléter et pour se justifier. Son âme n’est plus brisée par la nécessité et par la pulsion irrationnelle tournée vers l’extérieur et le différent. Dans l’expérience de l’ascèse, Booba s’est évadé dans l’autre région, dans le monde de l’Être, de ce qui n’est plus physique, mais métaphysique. Il confirme l’existence de ces Hommes qui incarnent la présence vivante et réelle d’une force d’en haut au sein de l’ordre temporel. De son point de vue « non-humain », il contemple la nature mortelle et jouit de l’ambroisie des immortels.
...Que celui qui est le chef soit pour nous le pont...
Booba se souvient. Il se souvient de la Royauté Divine, de l’Action héroïque et de la Contemplation. De tous les fondements de la civilisation traditionnelle entièrement détruite par l’hurlante civilisation humaine des modernes.
TRÔNE
Confucius résume à lui seul l'album du Duc : « Celui qui fonde son gouvernement sur la vertu peut se comparer à l’étoile Polaire qui demeure immobile, pendant que les autres étoiles tournent autour d’elle »
Tandis que le sceptre est lié par analogie à l’axe du monde, le « Trône » est quant à lui un lieu « élevé », « isolé », sur lequel le roi immobile contemple. Le trône reprend physiquement l’idée du « pôle » et du « centre » autour duquel les hommes du commun s’agitent. De là cette puissance calme qui exprime une supériorité divine, qui effraie et inspire en même temps la vénération, qui s’impose et désarme sans combattre, éveillant immédiatement la sensation d’une force transcendante totalement maîtrisée, mais prête à surgir. Le mode d’incarnation de cette « force du Ciel », c’est, selon l’expression de Lao-Tseu, l’ « agir sans agir ». Bien que cette force soit invisible comme le vent, son action a le caractère inéluctable des énergies naturelles : les roquets bruyants doivent se courber, comme la Fouine se couche devant son casier.
N’oublions pas que les actes de l’esprit se vérifient à travers des actions et des faits réels comme ce fut le cas pour le monde romain antique. Entre éléments physiques et métaphysiques, entre visible et invisible, il peut y avoir une véritable correspondance, comme le montre le Bercy du 5 décembre 2015 et son futur à l’Ü Arena. En d’autres termes, la victoire matérielle, populaire, devient la contrepartie du fait spirituel qui l’a déterminée à travers les chemins qui relient l’aspect extérieur à celui de l’intérieur. La victoire apparaît comme le signe tangible d’une sorte d’initiation et de renaissance mystique, réalisée en ce même point.
Après la gloire, la centralité (ou « polarité ») et la stabilité, la paix est l’un des attributs fondamentaux de la royauté. Dante parlera encore de l’Imperator Pacificus, titre qu’avait reçu Charlemagne. A nous de comprendre le principe profond de la révolte Contemplatrice du Duc, de nous tatouer dans le crâne la sentence de l’ancien prince Ephésien : « Un homme est un dieu mortel, et un dieu, un homme immortel ». Il faut briser, détruire, annihiler l’état humain et accéder à un autre état de la conscience, qui ne soit plus caduc, ni sujet à la nécessité, ni lié au destin des corps — donc immortel.