Ce titre de l'album ne vous dit probablement rien.. Et pourtant, vous connaissez sans aucun doute l'air principal de celui-ci. Il est de ces chefs d'oeuvre, oubliés par le temps dont quelques traces subsistent encore ça et là et notamment grâce à la "magie du cinéma". Car si vous connaissez le thème introductif de cet album, c'est grâce à un film qui fît trembler la planète entière. Mais je ne vais pas dévoiler son nom dans l'intro, cela serait conclure la chronique trop rapidement. Alors me voilà lancer dans une chronique qui prend des allures de devinette musicale à la difficulté redondante, mais, pauvre de vous, j'aime le challenge.
Pour la petite annecdote, c'est lors de mon récent voyage à Londres, en fouillant les bacs d'un disquaire second-hand de seconde zone (comprennez ici, disquaire spécialisé dans les disques d'occasions éloigné du centre londonien) que j'ai retrouvé ce vinyl. Et pour combien?! Trois malheureuses livres (approximativement 3€50)! Ni une ni deux, il devient mien.
Et quel plaisir de pouvoir réentendre cette plate galette tout de noir vétue. Mais qui, en 1973 -et surtout pas Mike Oldfield- aurait pu deviner que cet air allait devenir l'un des plus connus du monde du septième art? Peu de monde -si ce n'est personne- aurait pu prévoir que ces Tubular Bells seraient l'une des meilleures ventes du tout nouveau label Virgin (pour l'époque) atteignant les seize millions de copies écoulées à travers le monde.
Album tout à fait atypique (sans single par exemple) sur lequel je me fais un petit plaisir.
Album de seulement deux malheureuses pistes! Alors, on s'interpelle quand on voit ça en magasin.. Deux pistes, prix élevé.. Tromperie? Eh bien non, que nenni! Je ne vais pas défendre son prix -excessif- mais ces deux pistes sont plus longues à elles seules que nombres d'albums.
Décrire Tubular Bells, c'est un peu comme donner la couleur d'un caméléon: c'est pas vraiment possible. Cependant, il y a une sorte de magie dans ce disque qui me pousse à vous le faire découvrir. Devant cette pochette un peu bizarre qui présente un tube métallique provenant d'un carillon tubulaire ayant servi pour l'album (d'où le titre) et cette vague qui déferle on ne comprend pas vraiment où Oldfield veut en venir, mais à vrai dire, même si la pochette reste mythique, c'est le contenu qui nous intéresse plus que tout ici. Dès les premières notes au piano suivi du glockenspiel (sorte de xylophone), on y est. On reconnait le thème principal du film et la magie opère. Pour peu qu'on ne le connaisse pas, je pense que -contrairement à ce que l'on pourrait penser- ça aide à apprécier l'album à sa "juste valeur". Le fait de ne pas pouvoir apposer l'image avec laquelle l'air a été collé aide à se faire sa propre vision du titre. Et vous voilà parti pour 48 minutes de folie où les instruments, les mélodies s'enchaînent, coulent et découlent naturellement les unes des autres. Sorte de "symphonie rock" (je trouve l'appellation un peu barbare), uniquement instrumentale (on retrouve certes quelques choeurs et des chants gulturaux -avant gardiste du death métal- ainsi qu'un annonceur mais les deux pistes ne comportent aucunes paroles hormis l'appel de chaque instrument à la fin de la première partie qui n'en sont pas vraiment), Tubular Bells étonne par sa variété de mélodies trouvées, reposantes et brillantes et ses alternations calmes et plus énervées autour du thème principal.
Mais l'album est crédité à un seul nom, cela veut-il dire que l'on le doit à une seule et même personne? Eh bien oui, effectivement. Mais accrochez-vous pour ce que vous allez lire ci-contre. Les prémices de l'album (et la majeure partie de sa composition en réalité) ont été composées par Mike lorsqu'il avait 17 ans puis enregistrées sur un magnétophone 8 pistes. La maquette enregistrée, Mike fît le tour des maisons de disques qui -bien entendu- n'acceptèrent pas de publier une oeuvre en deux parties sans paroles de plus de 40 minutes.
C'est deux ans plus tard que Richard Branson rentra en contact avec Mike pour le faire enregistrer sa démo dans un studio près d'Oxford pour un nouveau label (Virgin n'était alors que distributeur). La première partie est alors enregistrée une semaine tandis que la seconde s'étale sur plusieurs mois. Le 23 mai 1973, une semaine et un jour après son vingtième anniversaire, le premier album de Mike Oldfield (et de Virgin) sort sous le numéro de catalogue V2001 et le nom de Tubular Bells.
L'album est par la suite entièrement passé sur la célèbre chaîne anglaise de la BBC, ce qui fît de cet album une réussite commerciale. Quelques mois plus tard, le thème d'introduction de la première partie est repris pour un film qui connût également un très grand succès et les ventes ont atteint les dix puis seizes millions d'exemplaires.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. En effet, si l'on peut entendre une multitude d'instruments tout au long de l'album, tous (à l'exception de quelques uns) sont joués par Mike Oldfield avec une maîtrise quasi parfaite pour chacun d'entre eux. Dernière petite annecdote croustillante à son propos: la guitare électrique qui a servi sur cet album est une Fender Telecaster de couleur blonde qui a appartenu à Mark Bolan (guitariste de T.Rex, mort quelques années plus tard) dont il ne changea juste un micro. Eh bien, si vous devez écouter un album aujourd'hui même, laissez tomber ce que vous avez sur le feu et découvrez celui-ci. Si il connût nombre de suites, ce premier essai fût le meilleur sans aucune hésitation possible. Si l'envie vous prend de l'acheter, préférez une version antérieure à sa réédition de 2009 complétée par 2 titres sans grand intérêt et gâchant la magie de cet album de -seulement- deux pistes.