Un pari... Ramener Depeche Mode du fond du trou (et recemment redevenu un trio), et sortir un tout nouvel album.
>Bien sur, les membres sont très fragiles, et ce sera sans doute très dur. On est encore loin de la vérité:
Dave Gahan est affreusement maigre, rongé jusqu'à l'os par les cocktails héroïne/cocaïne et ne sait plus sortir un seul fil de voix..rien que ça. Après une affreuse première session, Gahan va jusqu'à approcher la mort de très près, ce qui lui fera prendre conscience de ses problèmes..mais n'arrangera pas sa voix.
Autre pari insensé, le producteur sera un gamin, fan du groupe (j'éxagère bien sur un peu),Tim Simenon. Et un budget énorme sera attribué à la conception de cet album pour redonner au groupe un peu du doré d'antan. Dans la crise ambiante, l'équipe se posera des questions sur l'avenir du projet (jusqu'à imaginer en faire un album solo de Martin Gore) et on devra enregistrer les voix de Gahan par phrases ou même par mots tant il est incappable de chanter comme avant. Il n'y aura pas de tournée de promotion pour cet album, permettant à Gahan de reprendre quelques forces (d'ailleurs, quand Gahan réapparait en 98 sur la tournée des singles, on vois à ses joues qu'il a...reprit des forces).
Mais bon je m'égare un peu, concentrons nous sur ce nouveau produit de chez Mute. A cette époque, on peut tout attendre de DM, nous ayant habitué aux changements les plus radicaux, mais aussi les mieux calculé.
Premier titre, single: Barrel Of A Gun. Profondément sombre, c'est aussi le morceau le plus parlant concernant les problèmes de chant de Gahan. On doit donc supporter un effet de distorsion assez désagréable sur la voix, mais on s'y habitue. Le refrain met du temps à venir mais...quel refrain! Minimaliste et dont l'intérêt majeur est ces quelques notes de guitare saturée. Une guitare? encore? Et bien oui, c'est sur cet album qu'il y aura le plus d'instruments acoustiques et tout un tas de guitares dans tous les sens.
Après un très bon début, bien qu'assez déroutant, passons au titre suivant, qui est très différent de "Barrel..." et à mon sens le moins bon de l'album: The Love Thieves. Morceau mystérieux et bien dans le ton de l'album, calme et tempéré.
Le big single de l'opus arrive et ce sera une balade de Gore. C'est tout simplement une des meilleures chansons chantées par Martin Gore, et restera un grand classique des set lists, de par son ambiance et ses lignes de chant qui font mouche. L'autre single "faisons du Depeche Mode" suit et s'appelle it's No Good, servi par un clip très laid et surtout 2nd degré. Ce n'est pas un titre qui marque, passons.
Petite nouveauté, les interludes sont maintenant séparés des morceaux (contrairement à Violator et SOFAD) et le resteront pendant très longtemps. On aime ou on aime pas, mais ici, ça fonctionne. D'autant plus que ce petit Uselink bien sympathique sert de prélude à la superbe Useless. Bien que ce soit ici sa moins bonne version (la version single est plus pêchue et accrocheuse), c'est une superbe chanson, assez proche de Barrel Of A Gun dans le choix des sons et l'ambiance.
Sister Of Night est un peu particulière dans cet album, assez douce-amère mais très jolie. Je préfère cependant les passages lourds à la batterie plutot que ses couplets et refrains un peu moumous (ne cherchez pas moumou dans le dico).
Jazz thieves est le 2eme interlude, un peu moins réussi que le premier, mais la vocation de ces interludes est toujours d'amener un peu de mystère dans les albums, donc ne nous attardons pas trop dessus.
La meilleure partie de l'album arrive en enchainant trois superbes morceaux.
D'abord, Freestate et sa cohorde de guitares cleans. Des mélodies qui vont crescendo et qui restent en tête sans qu'on leur demande d'y venir, que demander de plus? Un sommet de l'album, malheureusement mit de côté en live (comme toute cette partie de l'album, qui ne sera de toutes façons quasiment jamais représenté en concert, mis à part Home et It's No Good).
The Bottom Line est encore chantée par Mr Gore lui-même. hanson posée, nocturne et parfaite en cette presque-fin d'album, avant le dernier morceau: Insight.
Quand j'ai entendu Insight la première fois, je me suis dit que c'etait exactement la chanson que je pouvais attendre de Depeche Mode sur cet album, peut être vis à vis des lignes de chant. A part les derniers choeurs à la fin, tout est bon dans ce titre qui finit cet album en beauté..mais non! Un dernier interlude intitulé Junior Painkiller vient réellement clore l'album, définitivement un disque à part dans la carrière du groupe.. Combien sommes nous à regretter que DM ne soit plus dans cette détresse qui les faisais produire des merveilles à l'époque?
Et oui dorénavant pour depeche Mode, tout ira bien mieux...et c'est tant pis pour nous.
+un essai quasi-acoustique très concluant
+un son clair et puissant
+c'est ici que sont les derniers grands classiques de DM
-version single de Useless bien plus réussie
-un chant parfois limite (mais ça se comprend)