Ultraviolence
6.8
Ultraviolence

Album de Lana Del Rey (2014)

Ou comment Lana del Rey deviendra un monstre sacré de la musique.

Il y aura toujours des gens pour la détester. C'est un fait et une intime conviction est tenace. Mais ce que Lana Del Rey offre avec ce nouvel album est plus qu'une renaissance, c'est un pied de nez magistral à ses plus grands détracteurs. Elle était capable de tubes et de refrains pour enivrer le monde entier, elle est désormais capable de faire ce qu'elle veut. Adieu le punch de certaines chansons, le doute sur son image et les ragots d'arrêt définitif de la musique. La Reine revient et impose son style comme si elle était déjà un monstre sacré de la musique.

Ses mélodies, toujours très arrangées, sont léchées et beaucoup plus sombres que l'album précédent. Bien entourée et servie par un album linéaire mais beaucoup plus profond, elle nous fait découvrir des chansons exceptionnelles comme Shades of Cool ou Money Power Glory avec des refrains sublimes et perchés. Cet album diffère de Born to Die car il semble plus intimiste, plus rock/soul alors que le précédent enquillait les chansons sans pour autant qu'on en comprenne le sens. Ou du moins, on doutait du personnage. Ici, certaines paroles sont très dures, parlant tantôt de l'amour jusqu'à en mourir, tantôt des coups d'un homme qui la maltraite, dans une joie malsaine parfois. C'est ce qui fait le charme de Lana del Rey et on la connait pour ça, ceci dit elle peut désormais se le permettre et imposer ce style qui ne paraît plus surjoué, mais seulement vécu, car elle a avec elle un album qui donne de la musique, de la vraie musique, et c'est un point indubitable. Très peinée par les critiques la concernant, je pense que cet album était nécessaire et surtout indispensable pour toucher un autre public, sans doute beaucoup plus enclin désormais à reconsidérer la belle - malgré des anciens fans qui resteront à leurs premières amours, et c'est tant mieux.

J'avais adoré Born to Die mais j'aime encore plus celui-ci. On ne doit plus la prendre, elle et ses mimiques. On la croyait un peu paumée après Tropico mais elle revient avec son univers, cet univers qu'on ne doit plus saisir mais qu'elle partage avec nous dans une mélancolie poussée à l'extrême. Cet album, qui sort des sentiers battus sans changer de cap, est la confirmation qu'un jour, Lana del Rey deviendra une des plus grandes artistes au monde, pour sa musique et pas pour tout ce qu'elle peut représenter. Ce jour n'est pas arrivé, elle est toute jeune, et trop frêle sur scène encore, mais il arrivera. Ce n'est pas "juste" de la pop. Comment ne pas citer, pour terminer, "Old money" ou "Black beauty"...

Il faut se laisser porter. Des gens comme elle, il en faut absolument. Il en faut dans ma petite vie en tout cas.
EvyNadler
9
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le 18 juin 2014

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EvyNadler

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