Enregistré sur la tournée qui a suivi la sortie de leur premier album, cet Undead a été capté le 14 mai 1968 sur la scène du Klooks Kleek à West Hampstead, dans le nord-ouest de Londres. A l’origine, l’album ne comprend que cinq morceaux (dans l’ordre 3, 6, 5, 4, 9), mais la sortie de 2002 en CD reprend l’intégralité du concert, en ajoutant, notamment, des extraits du premier album, dont aucun morceau n’apparaissait sur la version originale. Undead débute donc par « I May Be Wrong, But I Won't Be Wrong » un inédit signé Alvin Lee. Ce blues rock rapide et groovy s’inscrit dans la lignée du premier album, en proposant des clins d’œil aux créateurs du rock. Développé sur plus de neuf minutes, il donne l’occasion à Alvin Lee de sortir de longs solos de guitares et à Chick Churchill de nous prouver qu’il est un organiste efficace. Comme c’était souvent le cas dans les années 1960/1970, l’ensemble est une longue jam qui part dans tous les sens. S’ensuit l’étonnant « At the Woodchopper's Ball », qui est, à l’origine, un morceau de jazz de Woody Herman, joué par des clarinettes et des saxophones. Ten Years After le transforme en blues rock torride, propice à une longue jam de plus de sept minutes.
La deuxième face débute par le blues lent « Spider In My Web », inspiré par Chuck Berry, avec toujours cet orgue qui colore l’ensemble de superbe manière sur plus de sept minutes. Rien de novateur, mais une confirmation de la qualité d’écriture d’Alvin Lee et de la cohésion du groupe. S’ensuit une version très personnelle du « Summertime » de Gershwin, sur laquelle Ric Lee se taille la part du lion. Cette version pleine de swing inscrit le groupe dans les belles révélations de cette année 1968. L’album se termine sur l’excellent « I’m Going Home », un nouveau morceau composé par Alvin Lee qui pulse une énergie folle à la manière des vieux bluesmen, mais avec cette électricité toute britannique. En rendant hommage aux géniteurs du blues, tout en adaptant cette musique à son époque, Ten Years After démontre qu’il va changer quelque chose dans le panorama musical britannique.
Un peu étrange par son choix de titres et son montage, la version originale de ce live est heureusement revue et corrigée par la sortie de 2002 qui commence par leur 45 t puis par un extrait de leur premier album. Nous avons donc droit à la présentation du groupe par un speaker, avant que le groupe n’entame une belle version de « Rock Your Mama » qui a dû emballer les spectateurs. « Spoonful », déjà intéressant en studio, prend toute sa dimension en live, mais reste pourtant en deçà de la superbe reprise du « Cross Road Blues » rebaptisée « Standing at the Crossroads » de Robert Johnson qui éclabousse l’ensemble de cet album de toute sa classe. Dynamitée et accélérée, la légende du blues est remise aux goûts du british blues pour le plus grand plaisir du public et de l’auditeur. Enfin, dernier ajout, une version étendue de « I Can't Keep from Crying Sometimes », dans laquelle est enchâssée la longue jam « Extension on One Chord » sur plus de douze minutes et qui rappelle la proximité de Ten Years After avec les Doors dont les albums sortaient à la même époque.
Un superbe album live qui semble un peu moins décousu que le premier album studio, mais qui ne rencontrera pas le succès mérité. Il faut dire que le choix des titres sur la version vinyle est un peu étrange.

DenisLabbe
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le 11 sept. 2020

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