Un groupe que vous adorez est tout à fait en capacité de vous décevoir. C'est d'ailleurs son droit le plus strict. Après tout, les artistes ne sont pas des machines et les années passant, il y aura forcément des moments où l'inspiration ne sera pas forcément au rendez-vous. Surtout quand il faut sortir un album tous les deux ans.
"Alors que faire ?" s'interroge le fan. Il ne faut "jamais au grand jamais" (selon la formule consacrée) conspuer les malheureux troubadours et leurs doigts gourds. Les pauvres garçons s'en trouveraient fort attristés et risqueraient de laisser choir leurs jolis instruments pour se consacrer à la pêche en rivière (c'est un exemple, le tricot est aussi envisageable).
Laissez les saltimbanques s'exprimer sans les honnir, même s'ils vous ennuient. Et il y a fort à parier qu'un de ces quatre matins, ils vous pondent un opus qui vous réconciliera avec eux. C'est ici le cas avec les gaillards d'Amorphis qui après deux galettes franchement peu palpitantes nous reviennent avec le très bon Under the red cloud.
Menés par Tomi Joutsen, frontman à la voix charismatique et toujours impeccable, les Finlandais retrouvent un sens de la composition qui leur faisait défaut depuis quelques temps. Refrains imparables et mélodies folks habitées se mêlent à des ambiances plus sombres qu'à l'accoutumée pour un tableau haut en couleurs qui n'est pas sans rappeler certains grands moments d'Elegy.
C'est donc avec un plaisir non dissimulé que l'on se prosternera de nouveau devant la formation qui fête avec panache ses 25 ans d'existence et qui a su, au gré de ses mues, garder le cap au cœur de la tempête.