Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Les musiques composées pour les films sont rejetés pour des raisons diverses et variées... Parce que le compositeur n'a pas suffisamment respecté le temp-track du film; parce que les projections-test n'ont pas été favorables à la musique; Parce que le film a été remonté après l'enregistrement de la bande originale et que la musique ne coïncide plus au nouveau montage; et parfois aussi parce que la musique composée n'était pas jugée suffisamment bonne pour le film. Mais il est plus probablement que lorsqu'un film n'est pas à la hauteur des attentes du studio, ce dernier, en panique, décide de changer la musique, comme si la qualité d'un film ne reposait que sur sa partition musicale. A l'écoute du présent score de Young, il est tentant de penser que c'est cette dernière hypothèse qui a été la raison de de ce rejet tant cette dernière est magistrale, alors que la partition de remplacement de Deborah Lurie lui est en tout point inférieure. D'autant que la sortie du film a été à de maintes reprises retardée, et ce pendant deux ans.


Varese Sarabande a sorti la partition de Lurie lorsque le film est sorti en salle. Quelques mois après ils ont fait de même avec la partition rejetée de Christopher Young. Cela s'était déjà produit notamment sur le film Timeline où deux éditions avaient bénéficié d'une sortie, celle officielle de Brian Tyler et celle rejetée de Jerry Goldsmith. Malheureusement, les notes dans le leaflet du CD sont une biographie de Young qui a le mérite d'exister, mais l'on aurait néanmoins préféré des informations sur les raisons du rejet de cette partition.


Dès la première écoute, il est clair que cette musique est considérablement plus profonde et composée avec une touche bien plus personnelle que celle qui l'a remplacée. Pendant longtemps, Young a été catalogué comme compositeur de musique de films d'horreur. Mais il s'était déjà à de nombreuses reprises sorti de ce carcan où on l'avait placé. Au début de sa carrière, lorsqu'il sortait du registre horrifique, c'était avec des partitions lorgnant du côté du jazz, ce qui est très éloigné de l'horreur. Plus récemment, depuis le début des années 2000, son champ de composition s'est considérablement élargi, touchant à tous les genres et ce de façon toujours très efficace. La partition sincère et subtile de "The Shipping News" notamment (réalisé par Lasse Hallström tout comme "An Unfinished Life") ou celle renversante de "The Tower". Young y prouve une habilité remarquable d'écriture de musiques intimistes et sensibles, qui touchent le cœur. L'orchestration lumineuse pour un petit ensemble plutôt qu'un grand orchestre symphonique semble lui convenir parfaitement.


Ajouté à ces deux score la présente partition, nous voici en présence d'un triumvirat magistral de ces partitions intimistes. Bien sûr, il ne nous sera jamais possible de constater combien la musique embrassait le film, ni même de voir le film avec le score rejeté. Pour dire vrai, le film ne mérite pas une musique de cette qualité de toutes les façons. Avec un petit ensemble composé de violons, de guitares, de basses d'un piano et d'une flute ethnique, Young a réussi à créer une atmosphère éblouissante et colorée, à capturer également un parfum du passé et de l'Amérique rural que le film dépeint. Du sublime "Main Title", arrangé autour de solos fantastiques des instruments précités, en passant par "A Father's Greatest Loss", morceau passionné et captivant, cette musique nous saisit et ne nous lâche plus.


J'ai mentionné en début de chronique le Jazz, et il y a bien des influences de Jazz dans cette partition, particulièrement dans l'écriture des parties de piano accompagnées de Basse électrique et de batterie. C'est notable dans "A Subtle Shift", mais il y en a de plus subtils dans le reste du score.
On peut également remarquer un vibrant hommage à Elmer Bernstein dans le morceau "Accidents", où Young a basé ce titre sur une interpolation du thème de To Kill a Mockingbird. Le score se termine par final simplement époustouflant. "Sins of Happiness" est un morceau vraiment splendide. Une musique émouvante gorgée d'émotion qui clôt de façon magistrale l'album, suivi par l'admirable "We Begin at the End Again", qui reprend le thème d'ouverture.


Il est rare d'avoir à entendre une aussi belle musique sur une partition d'un film récent. Il s'agit véritablement d'une œuvre magnifique de Young, qui nous prouve qu'il est l'un des grands compositeurs de musique de film de notre Temps. Ses partitions pour les films d'horreur ou hollywoodiens sont souvent prisées (et ce à juste titre), alors que celles plus personnelles pour des films plus intimiste ne rencontrent pas le succès qu'elles méritent. C'est dommage.


Mais alors que cette chronique pourrait se terminer là, nous avons droit à une seconde partie sur l'album. Après 50 minutes d'un score magistral, Varèse a ajouté 14 titres joués au piano (des thèmes utilisés et non-utilisés). Il s'agit de 30 minutes de pure beauté cristalline. La rumeur prétend que Young a composé deux scores pour ce An Unfinished Life. Alors peut-être que ces 14 mouvements sont la version piano de cette autre partition. Encore une fois, les notes sur le leaflet ne sont d'aucune utilité pour en savoir davantage. On peut juste constater qu'il y a de nouveaux thèmes ainsi que la reprise de thèmes déjà présents dans le score.


Voici donc un somptueux album a placer aux côté d'un The Tower, composé par un Christopher Young intime, sensible et personnel. Cet album a été pressé à 1,000 exemplaires seulement et est bien évidemment épuisé (tout comme The Tower d'ailleurs). C'est triste de savoir que deux des meilleures œuvres du compositeur ne sont plus disponibles au plus grand nombre. Cependant, je ne peux que chaudement le recommander si vous avez la possibilité d'en avoir une copie. A noter que l'album bénéficie d'une très belle pochette peinte par Matthew Joseph Peak.

An Unfinished Life peut être rajouté à la très courte liste des scores rejetés qui font de l'ombre au score qui les a remplacé, mais aussi au film pour lesquels il ont été rejetés.

evolution999
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures bandes originales de films (albums BO/OST)

Créée

le 30 août 2015

Critique lue 114 fois

evolution999

Écrit par

Critique lue 114 fois

Du même critique

Every Thing Will Be Fine (OST)
evolution999
8

Critique de Every Thing Will Be Fine (OST) par evolution999

Réalisé par Wim Wenders, Every Thing Will Be Fine compte James Franco dans le rôle d'un homme responsable d'un accident de voiture. Le film s'intéresse à sa culpabilité et sa recherche de rédemption...

le 4 oct. 2015

5 j'aime

3

Wyatt Earp (OST)
evolution999
9

Critique de Wyatt Earp (OST) par evolution999

En 1994, à seulement 6 mois d'intervalle, deux films traitant de l'Histoire de Wyatt Earp et Doc Holliday sont sortis sur grand écran. Le premier (Tombstone), réalisé par George P. Cosmatos avec Kurt...

le 2 sept. 2015

4 j'aime

1

Musique Originale Du Grand Film: Krull (OST)
evolution999
10

Critique de Musique Originale Du Grand Film: Krull (OST) par evolution999

En 1982, James Horner venait tout juste d'être propulsé parmi les compositeurs les plus prisés de Hollywood grâce à une fabuleuse partition qu'il venait de composer pour Star Trek II. Lorsque...

le 20 sept. 2015

4 j'aime