Ancien leader de Yuck, Daniel Blumberg revient en Hebronix dans un album qui étire le slowcore du coté de la lumière. Electrifiant et vivifiant.
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Produit par Neil Hagerty de Royal Trux, Unreal est une petite merveille bien réelle. Là où Yuck était un groupe, Hebronix est un projet solo, cela parait évident mais cela change le son (moins rock, moins musclé) mais encore plus la manière de composer de Blumberg. Hebronix est un album de l’oversampling, de l’accumulation de strates, de l’étirement musical. Un album de guitares aussi, même si celles-ci sont sans cesse auréolés de nappes et de parties de claviers, légères et vaporeuses. Excepté Viral, chaque morceau ou presque de Unreal dure plus de 6 minutes, comme si le Londonnien se sentait bien dans sa musique et voulait y rester longtemps. L’humeur est légère et sereine, comme un matin où l’espoir est encore possible. Le disque s’éveille litéralement sur une seule guitare accompagnant une voix encore endormie. Avant que tout se mette en branle, dans ses superpositions de plans de guitare qui font le style Hebronix. Les sonorités de guitares sont différentes (claires ou sourdes) mais ensemble, elles forment souvent un fluide presque continu, étiré sur de longs solis dégoulinant d’ électricité. Comme une sorte d’E-bow guitare hétérogène et composite, d’une richesse folle, sur laquelle Hebronix se plait à chevaucher (Unreal, Garden).
Alors que Yuck s’inscrivait plus dans le shoegazing d’un Ride (il en reste quelques traces), l’inspiration première de l’Anglais en solitaire est à rapprocher du slowcore, de ce temps suspendu cher à Red House Painters aux premiers Idaho en passant par Codeine. Pourtant le désespoir qui traversait de manière diffuse les disques de ces Américains n’est plus de mise ici. L’Anglais recherche la lumière dans ses mélodies et ses arpèges (Viral, comme titre le plus enchanteur). C’est la brit-pop qui s’invite dans la rudesse de l’indie rock américain ; ici la nonchalance de Wild Whim (comme la rencontre de Luna et d’Oasis), là les climats répétitifs d’un Windsor for the Derby se ré-humanisent joliment (The Plan). Déconcertant pour les fans de Yuck, mais stimulant pour tous, Unreal est un grand disque, à la fois taillé dans la masse et étonnamment vaporeux.