La machine infernale et la sauterelle verte.
J'avais été déçu par "The Blackening". Quasiment tout le monde vouait un culte à cet album, qui, selon leurs dires était le "Master Of Puppets" de XXème siècle. Je m'attendais donc à un album puissant, technique et efficace. On peut bien sûr attribuer ces trois adjectifs à "The Blackening", mais il manquait quelque chose, un truc indescriptible qui aurait rendu l'album excellent. Bref, MACHINE HEAD m'avait laissé une mauvaise impression (qui s'est en plus accentuée avec l'écoute de "Through The Ashes Of Empires" et "Burn My Eyes").
Quand "Unto The Locust" est sorti, je ne voulais même pas l'écouter, j'avais peur de retomber dans les travers de "The Blackening" ou de "Through The Ashes Of Empires". Mais, je suis tombé par hasard sur le single "Locust". Et là, je me suis pris une baffe (la première d'une longue liste). La chanson commence par une introduction magnifique et terrifiante (un point fort sur cet album), soutenu ensuite par les toms de Dave Mcclain (un batteur très complet). Puis arrive la voix hargneuse de Robb Flynn. Les couplets sont bien Heavy, mais c'est surtout au niveau du pré-refrain que MACHINE HEAD démontre tout son talent : un torrent de guitares mélodiques. Et comment ne pas évoquer ce mini-break où Flynn adopte une voix douce suivie par un passage aux twin-guitars d'une beauté indéfinie ? "Locust" est un single bien plus convaincant que l'était "Halo" sur l'album précédent.
"Locust" m'a donc convaincu de jeter une oreille à cet opus.
L'album commence et finit par deux chansons qui marquent à jamais. "I Am Hell (Sonata In C#)" est ce que l'on peut appeler un chef d'œuvre. Jamais une chanson de Thrash Metal ne m'aura autant donné d'émotion. Que ce soit cette superbe introduction a capella (une idée originale), ce riff inter-sidéral d'une vitesse effarante (le riff de "Clenching The Fists Of Dissident" peut aller se faire foutre !), cette violence maitrisée par un Dave Mcclain qui martèle comme un forcené ses fûts, ce refrain toujours aussi mélodique, ce passage à la twin-guitars juste génial (Flynn et Demmel sont vraiment des putains de bons gratteux, nom d'une pipe en bois!) ou encore ce final mélangeant avec beauté et efficacité guitare acoustique et guitare électrique, c'est l'apogée de MACHINE HEAD !
"Who We Are" n'est pas en reste. Ce sont des enfants qui introduisent cette chanson. MACHINE HEAD nous propose ici des couplets Thrashoux avec un refrain fédérateur et Heavy. Le riff au milieu de la chanson et les soli sont géniaux, du grand art !
Juste l'écoute de ces trois chansons nous oblige à croire que nous sommes en présence d'un album qui marquera son temps. Mais, ça serait une erreur de passer sous silence les quatre chansons restantes.
Demmel et Flynn nous confirment qu'ils sont des maîtres de la 6 cordes avec le morceau "Be Still And Know". Les passages aux twin-guitars et à la lead sont d'une incroyable splendeur, le refrain reste en tête dès la première écoute.
Malgré son superbe solo (un des meilleurs de MACHINE HEAD) et son bon refrain (les "Oh Oh Oh" sur le dernier) , "Darkness Within" s'impose comme le titre le moins bon de l'album. L'introduction est certes belle, mais la coupure et la reprise à la guitare acoustique font tâche, tout comme le passage après le solo où MACHINE HEAD peine comme pas deux (c'est très brouillon). Mais, "Darkness Within" reste agréable mais un poil moins bonne que les autres. La version acoustique n'apporte rien de plus et est assez chiante (même si Robb chante bien).
Après une introduction toute timide, c'est par un riff complexe et un cri sur-puissant que débute "This Is The End". Avec "I Am Hell (Sonata In C#)", c'est la plus rapide de l'album. Le refrain qui sonne Metalcore n'est pas mauvais, au contraire son rythme saccadé est bon. Mais le meilleur reste à venir, effectivement le riff qui introduit un solo tout simplement effarant est excellent et donne une forte envie de headbanguer (comment peut-on résister à cette accélération ?).
C'est encore avec un cri sorti des entrailles de l'enfer, que débute "Pearls Before The Swine". Plus Heavy/Thrash que complètement Thrash, la chanson vaut surtout par son tempo saccadé, son petit break limite atmosphérique (mais un peu moins bon que celui de "Locust") et sa partie Thrash en deuxième partie (doté d'un solo fort Heavy et plutôt lent).
Coté bonus, les deux reprises sont tout bonnement excellentes ! Surtout "The Sentinel" où MACHINE HEAD surpasse la version de JUDAS PRIEST (vous m'avez bien lu, et oui !). La bande à Robb Flynn réussit à s'approprier avec succès cette cultissime chanson (les soli, nom de dieu !). La reprise de l'inquiétant "Witch Hunt" de RUSH est elle aussi très bonne (la voix claire de Flynn n'est pas dégueulasse du tout).
Les quatre musiciens se surpassent sur cet album. Aux grattes, Phil Demmel et Robb Flynn se surpassent et s'imposent comme un duo monstrueux et rempli de talent ("I Am Hell (Sonata In C#)", "Be Still And Know", "Darkness Within") que ce soit au niveau des soli ou des riffs. La basse d'Adam Duce est bien audible et renforce particulièrement bien un Dave Mcclain qui produit un boulot de titan.
La production et le mixage sont eux aussi terriblement bons. Même la pochette est plutôt réussie... dans son genre (sans déconner, MACHINE HEAD n'a jamais été une référence en matière de pochette).
Bref, avec "Unto The Locust", MACHINE HEAD s'impose comme un poids lourd dans le Thrash Metal. Un des meilleurs albums de 2011 !
Chansons favorites : "I Am Hell (Sonata In C#)", "Locust", "Who We Are".
(critique publiée sous mon ancien pseudonyme sur le site Nightfall : KingKilling)
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