La griffe du maître
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Il fait à peine jour mais déjà l’air suffoque, la terre se débat et s’asphyxie. Une végétation exsangue tend ses fagots desséchés vers les étendues poussiéreuses qui inondent l’horizon. J’essaye de déglutir les miettes de ma conscience, de pleurer sur mon mental brisé, mais tout en moi est depuis longtemps asséché.
Avec une parabole à l’ironie lourde, on pénètre dans « Upal » (insolation) comme dans un magma filandreux. C’est que le son de D.L est d’une touffeur redoutable. Irraisonnablement brillant pour un one-man-band, l’entrelacs de riffs microtonaux de Kostnateni nous plonge dans un black metal à la fois grandiose et chaotique, mais également profondément méditatif et ritualiste. Jouant sur les spectres fous de l’avant-gardisme, Kostnateni instille son héritage tchèque dans une ode folklorique à la musique anatolienne qui ne renie jamais sa fureur primordiale -très raw et nineties-, synthétisant sur des morceaux d’une densité exemplaire toute la chaleur inhérente à chaque folie humaine.
Labyrinthe ardent aux déserts calcifiés, Upal se délivre à l’auditeur comme une transe sauvage, dont les furies s’avèrent rarement ponctuée par d’étranges accalmies– l’autotune de Opal- , par d’aventureuses brassées instrumentales -le saxophone libre-penseur du très véloce Skryt se pred Bohem. De la dissolution psychédélique de Rukojmi Empatie à la nausée de cordes atonales de Nevolnost je vse, cim jsem, tout un univers se consume. Et lorsque résonne le dernier titre, cisaillé par une montée de blast beats des fins des mondes, on fusionne totalement avec le cœur incandescent d’Upal, on devient cette chimère précieuse et affranchie qui déchire la toile des Temps.
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Créée
le 29 oct. 2023
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