On n'en demandait pas temps. Depuis la réactivation de Tuxedomoon en 2004 avec le chef d'oeuvre Cabin in the sky, le groupe de San Francisco n'a pas chômé, accumulant les tournées, sortant une BO de film (Bardo hotel) pour finalement fêter ces 30 ans d'existence par un nouvel album Vapour trail et un DVD. Tuxedomoon, groupe culte s'il en est, a toujours prôné l'ouverture et le risque tout azimut et il est toujours plaisant de voir ces quinquagénaires toujours à la pointe (les croassements électroniques, lit musical de dark Temple). Avec eux, on peut s'attendre à tout, comme à entendre Blaine Reininger chanté en espagnol (il a des origines latines, ne l'oublions pas) en début d'album. Tuxedomoon peut tout se permettre. Toujours aussi jazz (avec régulièrement l'ombre de Miles Davis, notamment sur la flippante promenade nocturne de Kubrick), possiblement world (Amérique du sud, Orient), mais toujours rock. Le groupe a depuis longtemps dépassé son post-punk initial (il en reste quelques traces) pour faire exploser toutes les cloisons. Rien de nouveau en somme avec eux. La voix de Reininger se fait ici plus rare, le chanteur multi-instrumentatiste n'usant de bel organe grave qu'avec une parcimonie calculé : à chaque fois qu'il revient, c'est une belle redécouverte. vapour trail est un vrai album de déambulation, de dédales osbcurs, de surprises et de trip (Epso meth lama).Le groupe bénéficie de son niveau qui lui permet d'improviser, de toucher les rivages de la recherche sonore et musicale sans devenir abscons. Tuxedomoon le jazzy flirte parfois avec un jazz rock pas toujours recommandable (ce serait le seul écueil dans lequel il pourrait tomber) mais gagne encore à ce défi d'équilibriste.