Saez et moi, c’est une histoire d’amour tout à fait improbable. Une de celles où l'on n’aime pas complètement l’autre, sans pour autant pouvoir vivre totalement en son absence. Il faut dire que Damien et moi nous sommes rencontrés il y’a bien longtemps, sous des cieux différents. Ce n’est peut-être là que de la nostalgie mal placée, jeune et con comme on dit. Je ne peux cependant pas nier qu’une corde sensible vibre au son de certains de ses mots. Il y’a des chansons auxquelles je reste tout à fait indifférente alors que d’autres me bouleversent sans autre raison qu’un cœur qui bat. Je pense m'être à peu près détachée à partir des albums post-2010, mais dès que retentit le souffle de Jours étranges, je replonge dans les fumées de mon passé. Dans le bleu de l'absinthe, je noie mes souvenirs et j’veux qu’on baise sur ma tombe dans un lointain future.
C’est surtout dans les rues de Varsovie, l’Alhambra, Paris que j’aime flâner de temps en temps. Je sors du train à Varsovie au matin, il fait gris et froid, et je pense à ceux qui sont en laisse. Comment te dire que tout est noir dans un poème tremblant. J’écoute une chanson pour mon enterrement à l’Alhambra, et je cherche encore au-delà du brouillard. Il est vrai qu’on s’endort sur des braises quand on perd son amour, la nuit pour toujours. Et Paris enfin, jeunesse lève toi ! J’ai beau me dire Putain vous m’aurez plus, je me retrouve tout de même prisonnière de ces marées d’écume. Toi tu dis que t’es bien sans moi, alors je pars... Et c'est pourtant toi qui reviens peu après pour rendre hommage à deux tours en ne parlant que de toi, comme toujours. Moi je dis fuis, toi tu me suis, aux encres des amours me raccroche aux bords de Messina.
Saez et moi, c’est une histoire qui a une fin mais une aventure continue, bâtie sur des souvenirs mémorables. On n’aurait pas dû se croiser pourtant on s’est aimés. C’est peut-être là un petit miracle de la musique, une rencontre, une voix qui brise nos murs intérieurs, une mélodie, un texte qui fait jaillir un flot d’émotions. Damien et moi resterons dans nos cœurs respectifs, comme de vieux amants qui gardent le parfum chaleureux de l’autre au creux de leur chair. Comme une ombre à chacun de nos pas.