Attention, l'écoute de ce triple album peut s'avérer dangereux. En effet, si vous trouviez Léo Ferré déprimant, avec "Varsovie-l'Alhmabra-Paris", vous verrez qu'on peut aller encore plus loin. Également déconseillé de le diffuser en soirée, ça plomberait légèrement l'ambiance. Et surtout en cas de rupture, le sujet entièrement dédié pour le triple disque.
Le premier, "Varsovie", s'ouvre avec une chanson baladeuse, noire et blanche,d'une mélancolie magnifique, avec un refrain juste incroyable. "ceux qui sont en laisse", plus court, reste criant de vérité, comme le très beau et très sombre "que tout est noir" (notamment le passage sur la solitude). "Je suis le Christ", malgré le titre qui fait peur, est d'une douleur délicieuse. Par contre, "dis moi qui sont ces gens" est franchement pas terrible, comme le thème qui suit n'est pas marquant. "Je suis perdu" et "anéanti" (thème au piano à chialer) remontent remarquablement le niveau. L'album se termine avec "on meurs de toi", beau poème. Le premier volume est donc conçu comme si un mec dépressif et largué hurlait à la Lune. C'est pas la teuf,maison est pas là pour ça, on est là pour être émeu, pour la beauté. C'est mon préféré des trois.
Le deuxième s'ouvre sur une chanson relativement optimiste ! son titre : "chanson pour mon enterrement". On peut pas tout avoir. Le diptyque "au delà du brouillard" est assez hypnotique. "je cherche encore" est magnifique et peut encourager ceux qui viennent de se faire plaquer, je pense. "Les Bars du Port" est classique, ce qui est étonnant de la part de Saez, mais reste agréable. "A l'Alhambra" est vraiment voyageur, et reposant quant à son sujet global. "Quand on perd son amour" romps le rythme tranquille qui s'était établi sur les deux premiers albums sans perdre la puissance des textes. A noter d'ailleurs que les textes, comme d'habitude avec Saez, sont magnifiques, comme pour "l'abattoir" et "on s'endort sur des braises", mais il demeure que certaines idées, certaine images sont un peu trop récurrentes à mon gout (ex. l'Empire). Mais je chipote! L'Alhambra s'achève avec l'ambitieux "Tango", d'un romantisme extrême. Je le trouve trop long, mais le final est superbe. Un très bon disque.
Le troisième, le plus accessible, là où sont réunis plusieurs des gros classiques de la planète Saez, à commencer par "Jeunesse lève-toi" dont la qualité n'est plus à défendre. "S'en aller" est la chanson de ballade ultime, qui donne envie d'être amoureux (ce qui est assez marrant vu le contexte). "On a pas la thune" malgré qu'il est entrainant, fait baisser le niveau. "Alice" est un chef d’œuvre incroyable, avec une atmosphère de feu et un Saez à fond. "le Cavalier sans tête", dont à mon avis beaucoup se reconnaitront comme moi, est d'une douceur consolatrice absolument géniale. Débarque alors l' orageux "putains vous m'aurez plus", où il se lâche complètement. C'est juste orgasmique. "Des marées d'écume" calme l'incendie t reste une très bonne chanson. Le diptyque "toi tu dis que t'es bien sans moi" est encore une fois sublime, et je trouve ça hallucinant que Saez parvient encore à réinventer un sujet dont il débat depuis presque 2 heures alors qu'on arrive vers la fin. "Kasha" est une bonne chanson, sans plus. A noter qu'il forme une boucle au final, puisqu'il l'avait évoqué dans la toute-première chanson "Varsovie". Ça sonne comme l'enterrement définitif d'une relation, un nouveau départ inespéré après la douleur indélébile. Définitivement, ce triple album parlera à chacun de nous, et en particuliers ceux qui ont connus une rupture, ce qui constitue quand même un beau nombre.
Donc en bref: Saez c'est Saez hein, textes irréprochables, musiques impecs, voix sortant du Noir. Je trouve juste les titres mal équilibrés, et une certaine redondance se fait ressentir au bout d'un moment. Mais je chipote. A écouter si on est en forme.