Haine pure

10 ans après, une notif youtube apparait: Fauve, qu'en reste t'il, provoquant une vague de souvenirs embrumés d'une époque appelée préadolescence, pendant laquelle j'écoutais de manière étonnante, la très bourgeoise station Franc Inter. Ladite radio publique me renseignait sur le "phénomène" Fauve.

Déjà, à l'époque, du haut de ma maturité hasardeuse je les aimais pas des masses. Aujourd'hui, il faut le dire, Fauve est une des productions musicale les plus laides qui soit. Pire que Jul ou Gims par exemple. J'veux dire, par exemple, Jul, c'est moche, on dirait un mec bourré sans formation musicale qui assemble 3 samples qui n'ont rien à voir ensemble avant de poser un flow d'analphabète sur la bande, mais c'est comme critiquer un dessin réalisé par un gosse de 5 ans. Le mec a tellement l'envie de bien faire et à l'air tellement heureux de transmettre de la joie à ses darrons que tu n'as pas franchement envie de briser son rêve, mais plutôt de partager son sourire.

Fauve n'a pas d'excuses. Le storytelling dont on peut sentir l'accent bourgeois parisien (ouiii alooors, on est un cooollectif ayant un besoooin commun et urgent de vider le trop-plein avec le moins de contraintes possibles) était déjà un problème irrémédiable.

Surtout, Fauve est composé de 20 (20!) membres pour pondre une composition affligeante de nullité; même moi je peux, et ce pour l'intégralité de l'album, me charger de l'interprétation de la guitare, basse, voire même de la batterie. Fauve va droit au but, c'est à dire au plus simpliste pour composer des morceaux ayant l'intensité d'un compositeur de Lofi russe dépressif.

Mais il y a pire: les textes. Sur le fond, comme sur la forme, c'est catastrophique. Depuis la nuit des temps, l'homme, pour raconter des histoires, crée des métaphores, fait des figures de styles, apporte un peu de lyrisme, et ne se contente pas de beugler "bouhouhou elle m'a quitté" au tout venant. Fauve, révolutionnant les conventions, fait fi de toutes volontés d'esthétisation passées, et propose une prose sans relief, d'un niais assez peu croyable lorsque l'auteur a passé la barre des 15 ans. Exemple:

C'est beau les plaines

C'est beau le mois de juin

C'était beau hier, c'était beau ce matin

C'est beau les filles quand les choses sont douces

Sans violence ni dépit, j'avais failli oublier depuis le temps

Cette nuit à côté de toi, c'était comme du lait

Comme du coton qui m'a enveloppé de nulle part

Si on me l'avait dit j'y aurais pas cru

Alors j'me repasse le film en continu

Les images de la veille se superposent au détail du wagon

Elles flottent devant mes yeux comme sur la houle

On dirait Timéo, 10 ans qui n'a pas compris qu'il fallait faire des rimes, ou même d'apporter un semblant de rythme, et qui essaie de trouver les métaphores les plus bateaux possibles.

Et le fond.... mon Dieu. Le chanteur propose durant 40mns, la même voix larmoyante sur le même arpège de guitare mineur, afin de se poser en représentant de la jeunesse désespérée de son époque. La raison de sa désillusion: il s'est fait bobo au doigt (ou sa meuf est relou, ou les relations humaines sont compliquées,, ou les vieux cons sont cons ou la crise économique ect...). On est au niveau d'un adulescent edgy en pleine crise existentielle tout en écoutant Evanescence et imitant Sasuke Uchiwa alors qu'il n'a clairement jamais souffert de sa life. Le niveau de nombrilisme et de complaisance atteint des hauteurs rarement égalées donc.

Le pire étant que les clowns constituant le groupe se revendiquent de Lou Reed. Mmmmh, ont ils seulement lu les textes remplies d'ironie du bon vieux camé de East Hampton avant de le citer? Parce que se prendre autant au sérieux en ayant aussi peu à dire, c'est un exploit que même le génie mégalo New Yorkais n'aurait su réaliser.