Le son est lourd, très lourd. Dès l’heureux « Summertime Blues » d’Eddie Cochran, c’est le riff heavy metal en puissance, avec ce charme du petit ampli - taille cacahuète poussé à donf. L’énergie et la conviction mises dans les notes sont exceptionnelles ; et on ne peut qu’être touché par les solos endiablés, saignants et acérés au vibrato de Leigh Stephens sur la reprise du classique de blues « Rock Me Baby ».
« Doctor Please » commence par un son à la limite du supportable, puis vient un drôle de rythme funky un peu pop, bien que vite enraillé par un massacre en règle de guitare d’obédience Townshendienne et/ou hendrixienne. Sur le moment, Nirvana est annoncé avec 20 ans d’avance ? Ce n’est peut-être pas aussi évident. En tout cas ce « Doctor Please » a dû clairement faire siffler des oreilles, encore plus en live. En témoigne la suite du morceau que je qualifierai de « Heavy Blues Progressif », pendant essentiel d’un Saucerful Of Secrets version metal. Power trio dans la lignée d’un Cream, les Blue Cheer avait ce son méchant, d’une agressivité telle qu’il était impossible de rivaliser avec eux.
Sur le plan purement « heavy », ces gars venaient d'enculer la pop superficielle, de débroussailler un terrain entier, qui après quelques mois de jachère metal, laissait logiquement le « champ » libre aux suiveurs créatifs et géniaux qu’étaient tous les Deep Purple, Led Zeppelin, Black Sabbath (Si, si…), et, dans une moindre mesure, Cactus.