Voyager
6.2
Voyager

Album de Vitalic (2017)

Il faut d’avoir savoir qu’Ok Cowboy fait partie des albums cultes de mon adolescence, à une époque où seul ce qui était estampillé “French Touch” comptait pour moi. Voilà ce que j'écrivais sur ce chef d’œuvre lors de la sortie de Rave Age en 2012 :


« L'électro de Mr Vitalic ressemble à un rêve robotique, à un bad trip psychédélique, à une party géante dans le vide néant. Sur la piste de danse de l'univers, il a réuni les plus belles étoiles pour nous offrir ces autres pistes teintées de magie mélancolique, laissant s'exprimer son âme comme jamais plus il ne la laissera s'exprimer, c'est peut-être cela un premier album; quelque chose que l'on sent bien, tout simplement.
Par la suite, il arrivera à retrouver cette beauté sur quelques titres, comme “Poison Lips”, mais la force de vouloir bien faire, bien produire, bien composer est autre chose que la vivacité créative d'un élan originel et encore dépourvu de notoriété. Retournons dans l'âme d'enfance de ce compositeur donc avec un plaisir, avec son plus grand album, et ça sera le seul. »


 Mon style d'écriture était déjà sacrément ampoulé dis donc ! Avec le recul, je suis plutôt encore d'accord avec ce que j'ai écrit. Avec FlashMob et Rave Age, Vitalic a tourné son son vers quelque chose de plus dur, puissant et sur-compressé, sans forcément être plus violent, barré et énergique, comme avaient pu l'être certaines pistes électro-clash d’Ok Cowboy, de « My Friends Dario » à « Repair Machines ». Il a tout simplement travaillé sa production pour faire trembler les basses. Alors l'entendre dire qu'avec Voyager, il voulait composer « un disque carrément pas dansant », ça intrigue ! Mais bon, il rajoutera tout de suite après « j’ai changé d’avis en cours et j’ai rajouté des beats »… on ne le changera pas !
C'est d'ailleurs assez dommage. Je pense à « Eternity » qui commence comme le « Cold Song » de Klaus Nomi, évolue en petite symphonie numérique… mais s'arrête dans son élan à 3 min 10 pour un beat Italo-Disco à la Moroder, comme s'il ne pouvait pas s'en empêcher, progresser sans kick dansants. On retrouvera cette patte sonore, marquée fin 70’s, début 80, sur une bonne majorité de l'album ; il nous avait donné l'habitude d'être moins évident dans ses influences. « Levitation » et « Lightspeed », par exemple, sont dans cette mouvance et semblent même emprunts des mêmes petits effets et samples audios artificiels d’époque.
Parlons tubes ! « Waiting for the Stars » est le premier single choisi pour l'album, où l'on retrouve la marque mélodique du bonhomme ; rien d'exceptionnel, un bon titre Pop qui fait penser au déjà très bon « Fade Away » sur Rave Age. Bien mieux en tout cas que « Use It or Lose It » qui m'a rappelé du Benny Benassi en plus paresseux. La période EDM est passée par là ! Pour rester dans les tubes potentiels à saveur Cold Wave, « Sweet Cigarette » nous rappelle qu'il avait déjà remixé le « Warm Leatherette » de The Normal par le passé. Oui, Monsieur se répète un peu.
« El Viaje », le titre d'ouverture, fait quant à lui penser à l'intro « Polkamatic » d’Ok Cowboy, même étrangeté dans le riff, même beat s'ajoutant sur la fin, un peu plus soigné peut-être et plus hispanisant dans ses sonorités. Dans le haut du panier, je citerais aussi « Hans is Driving » aux froides harmonies sonnant très Royksopp ; si vous avez apprécié cet album d’ailleurs, je vous recommande chaudement ce groupe norvégien électro-pop, vous voyagerez bien plus. Enfin, en tant que grand fan de Supertramp, je ne sais pas comment je dois prendre cette version minimaliste de « Don’t Leave Me Now » qui conclut l'album, dont les arrangements ne rendent pas justice à l'immense mélodie derrière.
Je ne vais pas être plus tendre avec ces dix pistes que je ne l'ai été avec les deux albums précédents. Voyager n'est pas mauvais, mais sous prétexte d'être plus atmosphérique, je l'ai trouvé aussi plus paresseux. Pour atteindre le cosmique, Vitalic usait auparavant de montées électriques salvatrices, de progressions sonores jouissives ici quasi absentes (malgré une courte tentative sur « Nozomi »). De plus, je n'ai pas plus voyagé sur cet album que d'habitude. Il ne va pas au bout de son concept, n'ose pas s'aventurer trop loin de sa palette électronique typique, ici clairement apaisée par rapport à la rudesse des deux derniers LP.
Mais voilà, je l'aime toujours autant cette palette ! Il aura beau se répéter, reprendre les bases d’Ok Cowboy pour repartir indéfiniment sur autre chose, il arrivera toujours à insuffler cette touche de magie que les autres n'ont pas, à faire briller les yeux de Guetta et Garnier à Ce soir (ou jamais !), à sublimer le son des machines, à défaut d'atteindre les sommets espérées… en tout cas par moi.
Strangeman57
6
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le 12 janv. 2018

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