Célébrons le folk orchestral d'un groupe autoproduit formé seulement en 2009 et qui délivre un premier album à la maturité déconcertante. Avec Minors pourtant, les choses ne sont pas simples : un sextet (pas si fréquent) qui, sur la base de chanson folk qui resterait intimiste chez d’autres, se parent d’arrangements luxuriants. Ways/Times part d’une voie introspective (pas si éloigné de Thomas Méry), pour grandir , et devenir un tourbillon extraverti qui nous emporte. Les choeurs sont pastoraux et l’instrumentation orchestrale.
Il y a un côté artisanal qui ressort de ces musiques sensibles. Ici, pas d’arrangements pompiers et grandiloquents mais l’assortiment hétéroclite de violoncelle, saxophone, kalimba, synthétiseur, saxophone, guitare classique, percussions, autoharp…la liste n’est pas exhaustive et fait l’économie de guitare électrique. On pourrait parler de fanfare » sans que le bordel ou la gouaille ne soit de mise. Minors fait rencontrer ce qui pourrait apparaître comme insignifiant ou modeste (le son jouet d’une Kalimba par exemple) avec le grandiose (la réunion harmonique de tous ses instruments) dans une ferveur pleine de force et de charme. Avec nos Français, tout a décidément son importance.
On pense à Arcade Fire, à A Silver Mount Zion, à Fleet Foxes sans que Minors soit le portrait craché d’aucun d’eux. En filigrane, il y a quelques emprunts à la musique de l’Est (Beirut) ou d’Orient ; une ouverture vers d’autres musiques charnelles qui fait encore plus l’originalité de Minors. Par exemple, le trip While Indian Hunts (incluant des côtés jazz, musique tribale et musique contemporaine) est assez indéfinissable, il n’en est pas moins fort en goût et bouleversant. Minors ? Non Majors !