Il était évident que les anciens Dead Can Dance finiraient par devenir compositeurs de Musiques de films. Tout au long de leur carrière, le duo a excellé dans la création de musique climatique. "Gladiator", "Ali", "Révélations", toutes ces BO portent la signature de Lisa. On peut apprécier le chemin parcouru depuis 1980, date à laquelle Lisa avec Brendan Perry, ont timidement envoyé de Melbourne leur démo à l'anglais Ivo Watts-Russell, le patron du cultissime label 4AD.
Comparé aux blockbusters hollywoodiens", "Whale rider" modeste film néo-zélandais fait figure de Petit Poucet. Pourtant cette histoire d'amour et d'initiation ancrée dans la culture Maori a vraiment inspiré Lisa. Et il n'y a rien d'étonnant à cela. Lisa était sans doute la mieux placée pour s'immerger dans cette ambiance océanienne. La Nouvelle-Zélande n'est pas loin de l'Australie natale de Lisa, d'autant plus que c'est elle qui apportait le touche ethnique aux compositions de Dead Can Dance. "Whale rider" évoquera donc le métissage de "Spiritchaser", les chants algonquins étant remplacés ici par le haka maori. Dans ce film océanique_ "Whale rider signifie littéralement "chevaucheur de baleine"_ l'ambiance générale est à la fluidité, la musique évolue aux rythmes lents du flux et du reflux des vagues. Dans cette atmosphère liquide, la voix de Lisa Gerrard reste le plus souvent silencieuse, n'évoquant que dans de rares moments le chant des sirènes. Lisa recycle certains moments de recueillement de son ancien groupe, comme Pei calls the whales qui nous renvoie à la glorieuse période de "Serpent'eggs". Sur la foi de ce descriptif, certains pourront hativement penser que "Whale rider" est à rapprocher de la musique du "Grand bleu" pour cette même tendance "zen subaquatique". Or, il n'y en est rien : cette musique pourra s'écouter dans une dizaine d'années, chose qui fut totalement proscrite pour "le Grand Bleu". Il faut croire que le talent de Lisa Gerrard est plus universel que celui de Eric Serra. Mais de cela, personne n'en doutait.