What?
7.9
What?

Album de Bodi Bill (2011)

Toute proportion gardée, Bodi Bill essaye de trouver la quadrature du cercle. Le trio allemand n’a pas la prétention de créer une musique impossible mais plus modestement – et plus banalement aussi – de mêler ensemble deux conceptions qui s’opposent. En caricaturant, on pourrait dire que Bodi Bill, c’est Sting au pays de Tarwater.
La plupart de What ?, quatrième album des Berlinois, est ainsi fait : à ma droite, une musique synthétique froide faîte de programmations electronica répétitives et de claviers 80's et à ma gauche, des mélodies pop-soul chaude chantée d'une voix affirmée de crooner blessé. Soit la glace et le feu ; , soit le dansant tendance teutonne (à faire danser les robots donc) et le touchant. Là où le groupe réussit son coup, c'est que ce mariage contre-nature ne paraît jamais artificiel. Et puis, certains morceaux réussissent vraiment à séduire. Le minimaliste Pyramiding rajoute les couches nécessaires pour enrichir musicalement le principe initial : un piano réverberé et un coup de guitare électrique bien placé et il n'en faut pas plus que le morceau devienne une indispensable escapade organique. Brand new carpet balance sur un groove binaire plutôt réussi., Il faut dire que la ligne de chant y fait , pour beaucoup faisant ressortir la substantifique émotion derrière le synthétique des arrangements.


En tout cas, une chose est sûre, Bodi Bill essaye des trucs : avec eux les programmations elles-mêmes récréent des rythmiques world percussives (and patience). Et ça marche ! Pour cela, le groupe s'aide aussi d'un piano latin (The net)., On est moins convaincu quand l'aspect pop/soul prend plus de place : à vouloir toucher la corde sensible Garden dress devient vite un peu mielleux. Hotel ne doit son salut qu'à ses programmations afros sur des sonorités industrielles et pas à ses voix black un peu forcées. Il y a donc quelques bémols.


Bodi Bill a par ailleurs la mauvaise idée d'enserrer le coeur de son disque par les deux meilleurs morceaux de l'album (en première et dernière position de la tracklist) qui pour la peine ne suivent pas totalement le principe hybride du reste du disque. Ce qui peut en comparaison déprécier le reste. En ouverture, il y a donc le bluffant, Paper qui aurait pu être signé Notwist avec ses guitares en attente et une mélancolie en filigrane. En fin, Friends abandonne le chant et laisse parler les seules programmations electronica pour un épatant moment de danse aussi synthétique que débridé. Ces Allemands sont quand même très fréquentables.

denizor
7
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le 26 nov. 2012

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