Après s'être fait un nom auprès de la jeunesse anglaise, les Arctic Monkeys se sont décidés à signer un contrat en maison de disque afin de déposer et de sauvegarder des titres qu'ils avaient déjà longuement testés sur scène. Des titres faits pour la scène. C'est peut-être là l'élément qui démarque le plus cet album de ceux qui arriveront après. La musique ne semble jamais calculée mais simplement déversée comme s'il n'avait été plus possible pour les membres du groupe de patienter, car chaque morceau avait déjà fait ses preuves auprès du public. Et c'est ainsi parfois que naissent les classiques du rock. Pas dans une conception méthodique et mesurée mais dans une impatience des plus excitante. L'album transpire cette impatience, il sent la sueur, il charrie toute une énergie, toute une jeunesse, toute une fougue qui ne s'efface que l'espace d'un morceau calme, le seul qui le soit : Riot Van.
"Whatever" (on va l'appeler comme ça, ce sera plus court) donc je disais, Whatever est au garage rock ce que Highway to Hell est au hard rock. Deux genres agressifs mais deux albums dansants. Oui c'est exactement ça. Le jeune groupe n'hésite pas à introduire nombre de leurs morceaux par des guitares violentes et criardes (c'est le cas dans I Bet You Look Good On a Dancefloor par exemple) mais il y aura toujours une seconde ligne de basse ou de guitare, un petit truc en plus, qui rendra le morceau terriblement dansant. Et puis la voix d'ado rapide d'Alex Turner avec son accent british prononcé s'impose comme le quatrième instrument tellement elle donne d'énergie aux morceaux. L'album est donc une tuerie, clairement. Écouté à fond au casque on a qu'une seule envie c'est de se foutre torse-poil et de se trémousser comme un taré en imitant le guitariste ou le batteur. Alors c'est sûr il n'y a rien de bien complexe dans leur musique, elle n'a pas la prétention de l'être, elle n'use pas de millions d'effets techniques pour se renouveler, elle ne s'enrichit pas au fil de l'album, elle ne cache même pas d'émotions inattendues comme de la tristesse, elle ne surprend pas, non elle est simplement brute, énergique, jeune, naïve, elle fonctionne voilà tout. A l'instar d'un Nevermind l'album a simplement ce côté "teen spirit" fougueux et sincère qui caractérise en quelques sortes l'image type du rockeur.
Les Arctic Monkeys livrent un album puissant, et qu'on le veuille ou non déjà culte car entièrement bon. Un rock qui, comme les Stones ou Nirvana en leur temps, témoigne d'une nouvelle décennie où la jeunesse, fatiguée de se rebeller pour des causes, se rebelle pour rien si ce n'est pour l'acte en lui-même. Une jeunesse qui boit, qui fume, qui baise, qui déconne, qui danse "On A Dancefloor" avec des "Dancing Shoes" et qui trouve dans cette vie sans lendemain une "Certain Romance".