Bordel, à force d'en entendre parler et voir cet album dans les divers "Top Best albums 2020", j'me suis décidé. Je craignais ce truc dansant mainstream tout juste sympathique qui disparaît de notre mémoire aussitôt consommé.
Quelle erreur!
Jessie Ware, dans l'industrie depuis plus de 10 ans (qui a un podcast culinaire à succès avec sa mère depuis 2017), a sorti son 4éme album l'année dernière, le 1er que j'écoute, "What's Your Pleasure?"
1 ère chose, et l'une des plus importantes, Jessie s'est entourée d'un trio de haut niveau :
James Ford, fondateur du groupe Simian Mobile Disco et surtout à la production de putains d'albums à succès des Arctic Monkeys et des Klaxons, il joue de la batterie, de la guitare et du clavier, tout va bien.
Puis il y a Joseph Mount, fondateur et acteur principal de Metronomy (le magnifique album "The English Riviera" putain!!) et producteur pour pléthore d'artistes, notamment Robyn.
Enfin, Benji B, le légendaire DJ anglais, qui sévit sur les ondes de BBC Radio 1 et 1xtra et qui a bossé, entre autre, sur "Fade" et "On Sight" de Kanye.
Avec une équipe pareille, l'alchimie se devait d'opérer. Et c'est le cas, et de quelle manière!
Dans une ambiance synthwave qui se fond dans le disco et la brume violette d'une boîte de nuit éclairée par une boule à facettes, et pavée d'une piste de danse sur laquelle se jettent les crinières taquinées de jeunes femmes aux épaules nues et aux leggings fluorescents, c'est juste là au milieu que Jessie Ware plante son drapeau. Exactement ce dont nous avons besoin en ce moment.
Il s'agit d'un album de diva disco conceptuel qui vous saisit immédiatement par le cerveau, les pieds et certaines parties populaires entre les deux.
What’s Your Pleasure? s'ouvre sur le morceau "Spotlight" qui commence par une mélodie de conte de fées, associée à un joli piano et à la voix rêveuse de Ware et se transforme étonnamment en un morceau power pop des années 70-80 avec une mélodie et un refrain terriblement accrocheurs.
La suite est une succession de Hits évidents et complètement bluffants.
De l'hymne sensuel et électro de la chanson titre à la clôture, "Remember Where You Are", un morceau que Ware a écrit toute seule, une ballade sortie tout droit de l'essence même des 70's avec son orchestration classique et ses chœurs Old School magistraux, tous les titres sont réfléchis, travaillés dans le moindre détail pour livrer un album qui n'est rien de moins qu'une bouffée d'air frais car au lieu d'emprunter la voie de la pop électronique que beaucoup de ses compagnons pop empruntent, Ware et son équipe canalisent le passé et fait revivre les années 70/80 Disco Soul en intégrant parfaitement les sons nostalgiques anciens que les gens aiment et qui manquent dans le monde pop actuel.
Parmi les grands moments, il y a de très grands moments comme le Prince-esque "Soul Control", avec son rythme dance-pop et son rythme contagieux, sonne comme s'il était sorti de l'ère transitionnelle disco-soul de la musique de la fin des années 70.
"Ooh La La" est séduisant à l'extrême et rappelle le disco des années 80 avec sa ligne de basse propulsive.
"Save A Kiss" est un délicieux morceau de house-pop, "Adore You", qui arrive juste après, ralentit un peu les choses pour faire de la place pour l'une des performances vocales les plus enivrantes et sensuelles de Ware sur tout l'album. La production est incroyable!
L'ambiance de fin de soirée du morceau "The Kill" est captivante avec une qualité distincte et plus sombre et des paroles assez fortes.
Vous l'aurez compris, le son de "What"s Your Pleasure?" est un retour bienvenu des racines musicales d'une période essentielle et novatrice de cette musique faite pour s'abandonner. N'oubliez pas que le disco était un type de réponse différent aux troubles politiques de l'époque. Des groupes comme Earth Wind & Fire et Chic ont transformé des espaces comme le Studio 54 en lieux d'évasion et de libération : véritablement, de la musique de danse pour bouger les articulations et briller de sueur, une musique euphorique, une évasion même, qui offrait un répit à une nation raciste et au centre-ville en pleine croissance de pauvreté.
À son meilleur, Jessie Ware exécute la version électrisante et somptueuse de la dance-pop mieux que beaucoup de ses pairs modernes et affiche son affection pour la musique disco, funk et dance avec la plus grande révérence.
Comme pour beaucoup d'albums classiques instantanés, j'ai l'impression d'avoir toujours entendu cette collection de mélodies. Et si le titre de l'album pose une question à l'auditeur - What's your pleasure?
La réponse est évidente, c'est de se laisser aller à l'écoute de ce bijou car l'effet est libérateur comme le disco l'a toujours voulu.
8,5/10