L'aventure Will of the People commençait plutôt bien, un premier single (Won't Stand Down) montrant un retour en force du Muse avec lequel la plupart des fans ont grandis / évolués, des interviews déclarant qu'il s'agissait de "l'album le plus heavy du groupe" et puis...
Cet album était annoncé comme une réponse à la demande du label de sortir un "best of" Muse et effectivement, cela se ressent. On sent une volonté de piocher dans ce qui a fait la gloire de Muse tout au long de sa carrière : des gros riffs de guitare, des chansons pop taillées pour les stades, des ballades au piano, de la sauce Queen... Sur le papier c'est très intéressant pour des fans de longue date comme pour des plus récents, mais qu'est-ce que c'est mal éxécuté !
Venant d'un musicien comme Matthew Bellamy, les titres proposés par le groupe sont musicalement aussi pauvre qu'un startupper vivant dans les camps de SDF de San Francisco (bien qu'ayant une production particulièrement bonne). Les progressions d'accords sont paresseuses, basiques mais catchy (Compliance, Verona ou encore Will of the people sont de bons exemples), c'est du vu et revue pour Muse (Liberation, Euphoria) et parfois, on retrouve le plaisir d'une track au piano (Ghost) mais gâchée par un jeu et rythme vu et revu, basique au possible pour la personne ayant écrit des pièces comme Space dementia ou Hoodoo.
Côté parole, c'est la catastrophe. On aborde les thèmes de la politique et du contrôle des nations par les méchants politiciens avec l'oeil de votre petit cousin de 17 ans, presque bilingue en anglais mais dont toutes les subtilités de la langue lui échappe. On sent que Matthew Bellamy vit aux états-unis depuis plusieurs années tant son lyrisme est devenu pauvre. Aucune subtilité, que du pleine face. C'est niais au possible et parfois très malaisant, presque avec la volonté d'en faire un meme.
Alors certes, il y a une volonté de bien faire, "d'innover" : Des titres comme You make me feel like it's Halloween sont ridiculement bons : une volonté mal éxecutée de faire un Thriller ou Everyday (Is Halloween) de Ministry, bien qu'il s'agisse du titre le plus innovant de l'album et prenant le plus de risque.
Kill or Be Killed est le Muse que tout le monde attendait mais plutôt timide, des paroles moyennes et un riff qui devient vite répétitif, comme si l'étincelle était encore là, mais à peine visible.
Au final, Will of the People est une déception et non le retour annoncé. Les paroles et les titres sont plats, l'album sonne comme une blague assumée et paresseuse. On reste loin d'une maturité musicale d'un artiste ayant la quarantaine et plus proche de sortir un album sans se prendre la tête, sans réfléchir à faire une oeuvre impactante. Le tout en prenant les fans pour des vaches laits qui diront "AMEN" à tout ce que le groupe sort, sans même prendre du recul sur la qualité de l'oeuvre en tant que... oeuvre.