C'est quatre ans après la sortie du très contesté Simulation Theory que Muse revient sur le "devant" de la scène avec un album tout neuf alors que le label leur avait demandé de concocter un album Best-Of. Bellamy jouera sur les mots et y verra une occasion de sortir du déjà-vu tout en y ajoutant une touche de fraîcheur.
Will of the People s'annoncera au grand public suite à la sortie de son premier single, Won't Stand Down, teasé à l'origine sur les réseaux sociaux, blasté depuis les hauts-parleurs de la voiture d'un Bellamy visiblement euphorique.
Et ce teasing fait mouche, éveillant l'intérêt des fans de la première heure qui y voient la résurrection des espoirs desquels ils assistaient à l'annihilation par de nombreuses années de déception, impuissants.
Le morceau sort quelques semaines plus tard.
Certes, les guitares explosent, la batterie claque et la basse se noie quelque part au milieu de tout ça. Mais je suis surpris de voir que le morceau divise de nouveau. Je ne comprends pas comment Muse n'a pas réussi à rassembler ses auditeurs avec ce morceau nerveux, ces screams trichés et ces gimmicks de Metal certes déjà vu ailleurs mais inédits jusque là pour ce groupe.
Mais pour l'instant, c'est tout ce que nous avons à nous mettre sous la dent. Donc je m'en contente.
C'est ensuite au tour de Compliance de passer sous la lumière des projecteurs. Et c'est là que le bât blesse. Après autant d'agressivité, le groupe revient avec un morceau pop aux sonorités K2000 nous rappelant l'era précédente, et ce n'est pas forcément une bonne chose. Le morceau se dénotera en concert par ses confettis lâchés dans les stades, seul véritable moment notable du morceau selon mon avis.
Viens ensuite Will of the People. Morceau éponyme. Il s'apparente pour moi à Pressure de Simulation Theory en beaucoup plus pêchu. Le rythme de batterie est intéressant (coucou Marilyn Manson), boosté hors du mix lors du bridge (c'est pour moi le seul véritable atout de ce morceau). Bellamy pousse sa voix à l'approche de la fin afin d'amorcer le dernier refrain et puis... c'est tout. Bon...
Le groupe profitera de sa tournée des festivals pour dévoiler Kill Or Be Killed. Morceau élevé au rang de single de force par les fans. Le morceau sonne bien et est construit avec des bribes d'anciens morceaux chopés ici et là, remaniés et collés ensemble. Vous vouliez une suite de Stockholm Syndrome et Assassin ? Vous voilà servis ! Je ne peux cependant pas m'empêcher de penser que le riff ressemble beaucoup à celui de BURN IT de Fever 333.
Il n'est d'aucun doute que KOKB (appelons-le comme ça) est taillé pour les concerts. Cela fera une excuse à Bellamy & Co. de ne pas mettre Stockholm Syndrome, Assassin ou un medley metal (comme fait sur la tournée précédente) dans les setlists futures.
C'est après un hiver et un printemps entier que sort enfin Will of the People.
Nous connaissons quatre morceaux sur les dix constituant l'album (faisant de lui le plus court de la carrière du groupe). Me viens alors un dilemme. Est-ce que je saute les morceaux déjà sorti au préalable ou est-ce que je lance la galette et écoute l'intégralité du projet ?
Je choisis la seconde option et me surprends à ne pas plus m'amuser que ça. Les deux premiers morceaux sont pour moi comme des publicités que je ne peux pas passer. Je suis donc là, assis sur mon fauteuil, regardant les secondes défiler.
Arrive le troisième morceau de l'album, encore inconnu jusqu'à ce jour, Liberation. Le premier des quelques véritables vents frais de cet album. Les coups de piano très Resistance-era nous rappellent I Belong to You et United States of Eurasia. Ils sont accompagnés de choeurs Queen-esque. Le groupe avait déjà été vivement critiqué par le passé d'utiliser ce gimmick. Cela ne m'a jamais dérangé, au contraire, j'ai toujours trouvé qu'il leur allait bien.
Le seul vrai point négatif que j'ai pu trouver à cette piste est qu'elle est trop courte et qu'elle s'achève trop prématurément : le morceau nous fait assister à une montée en puissance pour la diminuer subitement et nous amener à sa conclusion. Trop expéditif.
Ghost (How Can I Move On) arrive un peu plus tard dans l'album. Balade mélancolique dont la version originale de l'album avec seul Bellamy au chant ne m'a pas touché plus que ça. J'ai été décontenancé par la vitesse à laquelle s'enchaînent les notes tout le long du morceau, j'ai pensé que des accords plus long et posés auraient mieux sied au morceau. Mais le mix de cette piste est intelligemment fait, rendant le piano moins encombrant sur le reste du morceau. Est-ce le mix ou la prouesse vocale de Bellamy qui ne laisse place à rien d'autre ? La question se pose.
Néanmoins, il m'aura fallu attendre la collaboration avec Mylène Farmer pour y trouver un réel intérêt. La façon dont sa voix et celle de Bellamy se mêle à la fin m'a particulièrement envouté. Mais encore, l'écriture en prose avait de nouveau perturbé mon oreille dans cette version-ci.
Voilà que la première moitié de l'album est passée et la seconde débute avec You Make Me Feel Like It's Halloween. Nouvelle réminiscence de Simulation Theory pour cet album, en mieux abouti cette fois encore. Le texte abrite de sombres métaphores aux violences conjugales qui ont pullulées pendant la crise sanitaire et ses confinements.
Le morceau est caccompagomposé d'accord à l'orgue Maxwell-iens né d'une batterie à double frappe de grosse caisse, maintenant ainsi une cohérence avec le reste de l'album (notamment avec les morceaux Won't Stand Down et Kill Or Be Killed, piste suivante de l'album).
C'est sympa, ça s'écoute, j'aime vraiment bien ce morceau. Il est à noter que ce morceau est le seul véritable succès commercial de l'album grâce aux fêtes d'Halloween ayant eu lieu quelques mois après.
L'écoute se poursuit avec Kill Or Be Killed dont nous avons déjà parlé plus tôt et Verona.
Parlons-en, tiens, de Verona. A la première écoute, je me suis de suite dit qu'il s'agissait du morceau de Muse qui faisait le moins Muse. Mais il est juste magnifique.
Le parallélisme effectué entre Roméo et Juliette de Shakespare et la situation que nous avons traversé sous la crise sanitaire est très bien ficelé (notamment quand Bellamy chante "Take off your clothes and take off your mask" faisant ainsi référence aux masques portés lors du bal des Montaigus et ceux portés pendant la crise sanitaire).
Pendant cinq minutes, les phrases de guitares se mêlent parfaitement avec les nappes de synthétiseurs, posées tout au long du morceau, nous présentant ainsi un morceau allant en crescendo sans vraiment aller jusqu'au climax.
Après plusieurs écoute de ce morceau, il est selon moi le meilleur de l'album.
Muse nous propose par la suite Euphoria qui est à cet album ce que Revolt est à Drones et Get Up and Fightest à Simulation Theory. Ultime piste pop de l'album, Euphoria détient le climax manquant à Verona avec un falsetto plutôt surprenant et inattendu, c'est ce qui sauve ce morceau.
Enfin, We Are Fucking Fucked vient clôturer cet album. Oubliez la fin travaillée à laquelle Muse nous avait habitué avec la symphonie Exogenesis, The 2nd Law: Isolated System, The Globalist ou encore The Void. Cette fois-ci, Muse bâcle la dernière piste de son album avec un morceau certes efficace mais encore une fois trop expéditif.
Véritable capharnaüm de guitare à la Knights of Cydonia, de batterie à la Stockholm Syndrome et Assassin (oui, encore) et de basse à la The Handler sur la partie finale, Muse est rapidement rattrapé par son côté grandiloquent. Mais je ne leur en veut pas, ce morceau est définitivement taillé pour la scène.
En conclusion, Muse nous livre un album Best-Of en voulant tout de même délivrer du neuf. Les références à d'anciens morceaux sont multiples donnant cependant l'ironique impression que le groupe peine à se renouveler.
Quatre ans ont passés depuis Simulation Theory, mais l'aura de cet album planne fatalement sur Will of the People et la tournée qui a suivi que beaucoup ont considéré comme un ersatz de la précédente. Il faut dire que cette fois-ci, les stades ont eu du mal à se remplir.
Certes le produit finit est beaucoup plus travaillé et peaufiné par rapport au précédent, mais de nombreux détails restent à travailler notamment celui de la présence de la basse de Chris à laquelle le mix ne rend pas du tout justice.