I wish you will be here forever
On rentre dans Wish You Were Here comme on rentrerait dans un film qui comporte un plan d’introduction de 13 minutes. Un plan d’introduction soufflant et électrisant. Shine On Your Crazy Diamond, pas un simple pain avant le steak, non, Shine On est un steak avant le steak, une entrée presque aussi magistrale que le plat de résistance, Shine On produit un effet d’attraction paradoxale, étant donné qu’elle n’est pas spécialement joyeuse (au contraire). Elle produit l’effet d’un craquage d’os par un masseur taïwanais, l’effet d’un coup de langue par un bulldog qui se lèche ses bijoux les trois quarts de sa vie, l’effet d’un mur en pleine gueule, une claque longue durée.
Shine On nous donne rendez-vous plus tard et laisse son confrère nous inviter dans la machine, machine angoissante et oppressante, on laisse la balade sonore qu’on vient de vivre pour l’angoisse de l’industriel, les sons électroniques prennent places et nous agressent, psychologiquement et musicalement, Welcome to the Machine vient briser l’idée si belle que tu te faisais du monde. Elle t’envoie valser mais ne te rattrape pas.
Have a Cigar arrive ensuite tel un cheveu sur la soupe, elle parait insignifiante après la démonstration musicale et violente à laquelle on vient d’assister, pourtant elle est tout aussi importante. Elle se balade, cherche, cherche la suite, et la trouve sur une petite radio retransmettant une merveille, Have a Cigar sert de transition pour la chanson suivante.
La voila donc la chanson suivante, Wish you Were Here, la chanson qui donne son nom à l’album, hymne nostalgique envers un ancien ami que la vie a consumé à petits feux, l’ancien chef de bande.
Wish You Were Here est une sorte de monde réel juché entre tous ces environs psychédéliques, c’est un voyage magique sur une rivière, ces petits pincements de guitare nous semblent si près que l’on pourrait les toucher, les paroles chantées par la magnifique voix rauque de Gilmour nous sonnent bien plus que le reste, chaque son sortant de sa bouche semble être présent pour une bonne raison, nous faire comprendre que la musique est un art, et un des plus merveilleux qui soit. Wish You Were Here nous prend sur une station à 3 heures du mat’ et nous relâche dans la tempête extérieure, tempête extérieure que l’on a déjà affrontée.
Sine On nous reprend pour nous achever, clôture funeste et pessimiste d’un album qui l’était déjà énormément, Shine On cloture l’album aussi bien qu’il l’avait introduit, d’une manière magistrale dont seuls les Pink Floyd ont le secret.
Cet album nous a sonné, reveillé, pour mieux nous re-taper dessus, c’est un album coup de point comme on n'en fait plus, on en ressort autant choqué que bluffé, 3 heures de Kyo ne suffiront pas à nous faire oublier ça, vous pouvez en être surs.
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