Worship death metal

Depuis 1990, Peter Tätgren est le pionnier et leader de ce groupe suédois de death metal mélodique. Si le groupe a déjà flirté avec des ambiances black metal ( Osculum Oscenum par exemple ; en même temps en Scandinavie, le passage d'un style à l'autre n'est pas très difficile), il est plutôt question de revenir sur des basiques dans cet album.

Ce n'est pas parce qu'on dit "basique" que c'est un album banal. On dit cela parce que l'album emprunte les codes du style, et avec maestria ici. Car on ne badine pas avec le son et la composition chez Hypocrisy.

On peut compter 14 productions dans la discographie du groupe, ce qui fait de Peter et ses compères des habitués de la scène death metal. C'est donc avec force expérience qu'ils nous ont conçu cet énième album. Et cela se sent !

Puissance, propre au style comme au groupe, lourdeur et profondeur amenant des ambiances bien noires ; des rythmes cinglants et parfois hypnotiques, tout en gardant la frappe nécessaire ; des mélodies numineuses, à vous faire entendre se mouvoir le dragon au fond de la grotte ; une voix tantôt ténébreuse tantôt aigüe (version black)... Et surtout un son monstrueux ! Le mur de guitares pour la production de cet album est épais, très épais. Le son froid habituel des scandinaves, mais avec de crunch quelque peu granuleux pour certains (Entombed), ou baveux (Bloodbath) pour d'autres, est ici en plein dans le mille du death metal mélodique suédois.

Des morceaux très puissants, comme sur "Dead World" (au clip assez marrant ;-) ), ou bien un excellent Children of the Gray en milieu d'album, ou encore l'ultime "Chemical Whore", plutôt d'actualité dans le propos avec un caractère vindicatif, donnent des frissons ou bien vous prennent par la nuque et vous font tourbillonner la tête comme si vous jouiez dans le groupe. Tout ceci n'est pas anodin car l'énergie est donc passée de la galette à vos tripes : pour moi, cela s'appelle le talent.

Oui, le talent est ici présent parce que les morceaux sont bons. On peut même dire qu'il n'y en a aucun à jeter. Mais le talent s'insinue aussi par la qualité de la production, comme je l'ai dit plus haut. Cet album est donc global : il ne comporte pas trois bons titres avec du remplissage autour, histoire de dire qu'on a fait un album. Non, l'album est justifié dans son ensemble, ce que le heavy metal a tendance à demander d'une manière générale, surtout dans ses styles les plus extrêmes.

Le petit bémol dans l'approche de cet album est la pochette que je trouve médiocre, voire un peu kitsch. Il faut bien quelques défauts pour pouvoir tendre vers la perfection. Et puis les pochettes d'album du style ont quelque peu de mal à se renouveler, sauf par le biais de certains groupes comme Gojira, qui ont réussi dès le début à contourner cette habitude des visuels sombres.

Que dire d'autre ? Tout simplement que le metal est un style de musique qui se porte bien dans ses styles différents : cet album en est un très bon exemple. Les plus anciens sont parfois ceux qui nous procurent le plus de fraîcheur, si on peut dire cela du death metal ;-)

Hell yeah !