chronique écrite en 2007
Autant l’avouer avec Yael Naïm, on a eu très peur. Une participation au spectacle des « Dix commandements », une fâcheuse récidive pour celui des « Gladiateurs », un premier album raté, il n’en fallait pas plus que le spectre de Noa, autre chanteuse Israélienne sacrifiée à la cause variété, ne revienne à la surface. Heureusement, ce deuxième album sans titre (comme pour signifier une renaissance) va aller à l’encontre des légitimes a priori que l’on pouvait avoir sur Yael Naïm. On pouvait être déjà rassuré en apprenant l’amour que la jeune femme porte pour Joni Mitchell. Mais c’est encore autre chose. On passera sur les deux singles extraits de l’album, une chansonnette sans grand intérêt où l’Israélienne affirme en hébreu son amour pour Paris et la pop allègre de New Soul sur les traces – pour ne pas dire les plates-bandes - de Feist, pour se concentrer sur le cœur (et c’est bien le mot) de l’album. Yael Naïm est une chanteuse à fleur de peau. Le ton est triste, introspectif mais les envolées célestes nombreuses. Il y a du My Brightest Diamond (elle-même influencée par Jeff Buckley), du Stina Nordenstam dans cette jeune femme qui peut enfin exprimer son intériorité avec un talent vocal indéniable. Impeccablement arrangé sur une base acoustique (piano, guitare, cordes) classe et classique par David Donatien, cet album est une étonnante bonne surprise, un compagnon de choix pour des soirées tamisées. La production arrive à être ample et intimiste comme si Yael Naïm venait chanter dans notre salon. On lui souhaite un succès égal à celui de Keren Ann, autre chanteuse grand public et exigeante, échouée ici pour notre plus grand bonheur.