Yann Tiersen & Shannon Wright, rudesse mélodique...
Un jour, en flânant dans le ”feu” Virgin Mégastore de Rennes, mi-salarié, mi-étudiant en recherche de nouvelles œuvres à dénicher afin d’égayer sa morne journée, je suis tomber sur une étagère promotionnelle arborant une myriade de CD à la pochette dépouillée titrée "Yann Tiersen & Shannon Wright"…
Je connaissais Yann Tiersen et son univers symphonique bucolique et mélancolique enivrant où s’épanouissent violon, piano, accordéon et autres instruments folkloriques… Mais Shannon Wright, je dois bien l’avouer, était totalement méconnu de ma culture musicale en pleine pente ascendante à cette époque…
Je me suis donc dirigé aux bornes d’écoute ; mes oreilles curieuses d’en apprendre plus sur cette demoiselle… Et là, Une baffe a surgi, étourdissant mon équilibre en faisant vaciller mon audition : Cette Voix soyeusement graveleuse accompagnant un Folk rock voilé de noirceur déchirante où la tristesse se noie dans le désespoir… Piano pesant, violon suintant, rythme mortuaire sur une voix chuchotante, voilà comment s’ouvre l’album. Puis la patte de Yann viendra par délicates touches d’instruments adoucir légèrement les pistes ombrageuses tandis que Shannon langoureusement nous fera sombrer dans de vieux souvenirs attristants d’où de vives tensions s’immiscent dévoilant aigreur et rancœur dans cette voix devenue râpeuse et soutenue par des mélodies plus incisives… alternance parfaite, de mélodies lancinantes et acerbes avec une voix qui passe de la douceur à l’amertume… Une rencontre m’était offerte tel un cadeau divin ; j’ai découvert Shannon Wright…
Alors, telle une marionnette arpentant les rayons jusqu’au comptoir, le CD agrippé fébrilement entre mes 2 mains, j’ai sorti ma carte bleue mécaniquement, mon esprit encore hébété par ce qui m’était arrivé…
Et, chez moi, assis sur mon clic-clac, je ne sais plus comment, le disque n’a plus quitté ma platine pendant de nombreuses semaines, tournant et retournant sans cesse sans jamais vouloir s’arrêter ; le matin avant d’aller à mes devoirs laborieux, puis mes fins de journée studieuse, jusqu’au soir précédant mes rêveries embrumées… avec ce ressenti inoubliable d’un tandem musical en osmose parfaite…
Depuis, je me suis ressaisie et, Shannon Wright, j’ai appris à mieux la connaitre, une étagère lui est d’ailleurs dédiée, en toute amitié… quant à Yann Tiersen, je lui serais éternellement redevable…