Cet album n'en est pas un. Tout le monde sera d'accord pour dire cela. À aucun moment, de près ou de loin, des morceaux de ce disque n'ont été réalisé en vu de cet album. L'intérêt du groupe pour un tel projet est inexistant et l'intérêt qu'un auditeur en aura est très moindre. Considéré comme le moins bon album des Beatles, c'est le titre même d'album que Yellow Submarine questionne.
Avec seulement 4 titres inédits du groupe, deux morceaux déjà parus, une face instrumentale et surtout une ambiance d'avoir les échecs de Sgt peppers, est-ce que cet album a quoique ce soit d'intéressant à noter ?
Entendons-nous bien : All you need is love est un parfait joyaux qui clôture l'album. Malheureusement il n'est pas inédit et donc il a ce sentiment d'ajout gratuit qui n'empêche pas un réel plaisir à l'écoute et qui, à lui seul, monte le niveau de l'album.
Le morceau titre est très bon, déjà reconnu dans Revolver pour son ton enfantin, le côté amusant et ses sonorités osées, cependant pour autant, il perd son côté tranchant. En effet, il n'est plus une pièce perdu au milieu d'un album très rock, mais est ici le centre de l'attention. De plus, All together now par son côté drôle et également enfantin casse la spécificité du titre phare. Pour autant All Together now est loin d'être raté. Petit titre anecdotique il obtient mes faveurs grâce au retour de l'harmonica, c'est du détail mais vu que l'on est dans les morceaux détails.
Ce disque met cependant en avant le travail de Georges Harrison, ce qui est loin d'être une mauvaise chose, le Beatles étant souvent caché par l'hydre bicéphale Paul/John. On a donc le droit à deux morceaux, tous les deux en suite de Sgt Peppers. Le premier Only a Nothern Song est très oubliable. On comprend que le morceau n'a pas été retenu. Si les ambiances à l'orgue amène quelque chose de sombre, et si le ton général sonne très Sgt Peppers, le morceau n'est pas incroyable pour autant. On comprend pourquoi il n'a pas été gardé. Surtout quand vient la fin du refrain mal assurée.
C'est un Georges plus assuré qui nous propose It's all too much, un titre pourtant plus jeune, mais qui réalise quelque chose de plus puissant, brute, moins dans l’esbroufe. On appréciera vraiment de découvrir un autre de ces bons morceaux du jeune Harrison, trop souvent oublié.
Enfin pour nous faire pardonner ce disque assez anecdotique, on a le droit au petit tube du disque avec le très rock Hey Bulldog. Si l'ambiance délirante du studio se transmet totalement c'est bien le côté rock qui en ressort, l'énergie du riff au piano se transmet immédiatement. Le morceau me fait beaucoup penser, d'une certaine manière à Lady Madonna. Quelque part, bien qu'enregistré avant le séjour en Indes, il respire déjà se retour à un rock plus sobre et direct.
A côté de ça, la face orchestrale sera un réel plaisir à écouter ! Quel dommage que ce ne soit pas du Beatles, tout simplement. Georges Martin propose une orchestration à la fois accessible et savante, tout en jouant avec les références classiques et modernes, il offre une belle écoute. On navigue à travers des ambiances très douces, très sucrées mais aussi des passages beaucoup plus sombres.
Malheureusement, comme beaucoup de critiques le firent alors remarquer ce n'est tout simplement ce qu'on veut entendre en prenant un album des Beatles. C'est donc à proprement parler un beau hors-sujet que l'on nous propose sur cette face.
Ainsi, ce n'est pas tant que l'on a le pire des albums des Beatles, ou leur seul qui n'est pas bon, c'est plutôt qu'on a un non-album. Des chûtes de morceaux, des singles non-sortis, des reprises d'enregistrements et de la musique savante à côté de celle qui ne prétend pas l'être et l'est pourtant. Bref, tout sauf un album.