Quand on reviendra dans quelques années sur la carrière de Devastations, on parlera de Yes, U comme de l’album le plus Roxy Music des Australiens. Conrad Standish, vocaliste du trio, a déjà des intonations comme Bryan Ferry (on l’avait déjà remarqué sur le premier Coal) mais la musique s’est mise (encore plus) au diapason arrivant à être à la fois élégante et décadente. On imagine facilement les musiciens en smoking mais la chemise trempée de sueur et le gel ayant un peu coulé, la mèche moins conquérante. Et puis, le groupe arrive facilement à se muer du faux gendre idéal en vrai blouson noir patibulaire : l’ambiance se fait lourde et électrique sur Rosa qui se termine sous une pluie de larsens. Le trio stylé n’est pas à une surprise près comme sur The pest
où tout le morceau prend le parti d’une rythmique minimale à la boîte à rythme (le trio vit à Berlin, ceci expliquant peut-être cela). Sur cette base obsédante, le chant charismatique (sur une ligne proche de Trent Reznor) et les guitares impressionnistes prennent position, Devastations prenant souvent son temps pour dessiner de bien sombres climats. Le trio est fidèle à sa réputation de groupe ténébreux – on est pas là pour rigoler mais plutôt se complaire dans une ambiance nocturne. Ce qui n’exclut pas non plus d’aller chercher quelques étoiles (As sparks fly upwards). Le groupe n’est jamais loin d’un autre oiseau de nuit, les Tindersticks (The saddest sound) ou d’un autre exemple de groupe classique et racé, The National (Mistakes). En tout cas, Devastations s’installe pour durer et pour encore nous faire éprouver quelques frissons.