Et si pour une fois, on essayait d'appréhender un album par un angle différent, en l'occurrence celui de la géographie. Le but : expliquer la bonne santé de la musique norvégienne, comme naguère, celle de sa cousine islandaise. A l'exception de Madrugada, tous les artistes vickings qui déboulent chez nous viennent du jazz ou de l'electro. C'est vrai que la rudesse du climat favorise l'hibernation prolongée, que ce soit dans un club enfumé ou dans un studio chaleureux. Et en plus, la nuit dure 6 mois ! Vous imaginez que l'on a le temps de peaufiner jusqu'à l'extrême son ouvrage. Jon Platou Selvig alias Moon Orchestra n'est donc pas un alien dans son pays : lui aussi a passé un temps incalculable enfermé à bidouiller. On peut comprendre aussi que, toujours à cause du climat, on ait envie d'évasion. Selvig a donc souvent pris la tangente, de Cuba au Viêt-nam en passant par New York. Ce premier album est ainsi le fruit de ses errances intérieures et extérieures. Et la musique dans tout ça. Sans dévoiler l'intrigue (car l'écriture de Selvig est vraiment à rapprocher du cinéma), je dirais comme teaser que Moon orchestra jette des passerelles entre Tortoise, Cinematic Orchestra, Jan Garbarek, Lalo Schiffrin, DJ Shadow et même Serge Gainsbourg (pour l'utilisation de la basse). Le plaisir est au bout du voyage. Pour paraphraser le titre, vous saurez quand vous aurez écouter.