Si je n'ai jamais été un grand fan de David Bowie, j'ai tout de même de l'estime pour certains albums, notamment Ziggy Stardust, Diamond Dogs, Pin Ups et Young Americans. L'anglais a toujours su se transformer, changeant de styles, et d'identités musicales par la même occasion, et ici passant du glam du début des années 1970, à de la soul, avant de s'envoler vers Berlin pour de nouvelles expérimentations.
Enregistré à Philadelphie en 1974, Young Americans se veut comme une inspiration soul d'un David Bowie alors de plus en plus accro à la coke, squelettique et de plus en plus parano. Dans l'air du temps, alors que cette musique revient sur le devant de la scène via Marvin Gaye ou Sly & the Family Stone en ce début des 1970's, le futur Thin White Duke s'entoure d'un groupe formidable, notamment avec Willie Weeks à la basse, Carlos Alomar à la guitare et surtout David Sanborn au saxophone, omniprésent dans cet album et joué avec immense brio. L'osmose entre les musiciens, Bowie et les chœurs, aussi très présents, est parfaite, chacun trouvant le ton juste pour servir le groupe par sa créativité et inspiration. John Lennon s'invite aussi sur l'album, jouant sur deux titres et participant à la composition de Fame, d'ailleurs hormis une reprise des Beatles, tous les titres sont signés par Bowie.
Si on excepte deux ou trois chansons qui, sans être mauvaises, sont un peu décevante par rapport à la qualité générale de l'album, Bowie signe un sans faute, arrivant à créer une ambiance vraiment soul, parfois groovy et plutôt prenante, on se laisse imprégner par des envolées de saxophone. Il se montre un peu plus sobre qu'à l'accoutumé, mettant de côté toute expérimentation, et si finalement, c'était là que Bowie était le meilleur? Du moins, c'est comme ça que je le préfère, et la chanson-titre Young Americans donne tout de suite le ton, avec son excellente et dansante introduction au saxophone, et se révèle l'un des sommets de Bowie, envoutante à souhait. Somebody Up There Likes Me représente l'autre sommet de l'album, voire même de Bowie, fantastique chanson qui monte en puissance et se fait de plus en plus intense, avec un saxophone omniprésent s'accordant à merveille avec le reste du groupe, inspiré et créatif, tout simplement remarquable.
Le reste de l'album est aussi de qualité, à l'image de la funky Fascination, avec une guitare de haute voltige et une rythmique vraiment prenante, de la belle chanson, et ses puissants chœurs, Can You Hear Me?, interprété avec grand brio par Bowie ou encore du fameux tube Fame, se révélant très groovy, funky, diaboliquement efficace et vraiment entrainant. Alors, on peut légèrement regretter que Win, plutôt jolie, soit un peu trop lente et guère transcendante, que Right comporte un peu trop de chœur et surtout que Across the Universe soit une bien décevante reprise, dans un ton plutôt différent vis-à-vis de l'original des Beatles. Néanmoins, elle reste tout de même dans le ton de l'album et son ambiance soul et posée, et ne sont pas non plus désagréables à l'écoute de ce disque vraiment réussi, l'un des meilleurs de Bowie tout simplement.
Parfois considéré comme un disque opportuniste, Young Americans n'en reste pas moins l'un de mes albums préférés de Bowie, ainsi que l'une de ses dernières réelles réussites. Un album à tendance soul, avec un groupe parfaitement dans le ton et une ambiance vraiment prenante, porté par deux des meilleurs chansons que Bowie ait pu enregistré.
Tracklist :
1.Young Americans - 5:10
2.Win - 4:44
3.Fascination - 5:43
4.Right - 4:13
5.Somebody Up There Likes Me - 6:30
6.Across the Universe - 4:30
7.Can You Hear Me? - 5:04
8.Fame - 4:12