Documentaire...

Conçu pour un éditeur régional de Béziers pour figurer dans une collection des grandes heures de l'histoire locale, cet album vaut pour le détail et la précision de sa documentation. En fait, on croule un peu sous le nombre des manifestations successives, des statistiques de participants, des discours emphatiques et un peu creux qui débouchent rarement sur des résultats positifs (en France, c'est la coutume).

L'auteur essaie bien de faire passer la pilule de ce rythme lourdingue et répétitif de manifs redondantes, en introduisant un personnage fictif central, qui est d'abord mandaté par un grand propriétaire royaliste pour infiltrer le mouvement des vignerons et le discréditer. Mais notre homme change de bord par la suite, et devient sympathique par ses amours avec une jolie petite vigneronne.Le parcours vagabond de cet homme à tout faire a l'avantage de lui donner une position de spectateur dans tous les grands évènements, qu'il décrit et même qu'il dessine !

Malgré tout, on surabonde d'informations. Nombreuses sont les vignettes qui juxtaposent une bandeau narratif parlant d'une chose, et, dans les phylactères, un discours parlant de tout autre chose, et ce, tout au long d'une page. C'est un peu pénible, car on cherche le lien entre le texte du bandeau et de l'image (ce qui hache la lecture cursive d'une vignette à l'autre), et, comme le lien n'est pas évident, on ne sait plus trop où l'on en est à l'image suivante.

On voit passer Clémenceau, Sarraut, Jaurès, plus ou moins à leur avantage. Se dessine sous l'action des vignerons l'émergence d'un syndicalisme viticole, mais aussi de l'opposition entre le Nord et le Sud de la France, avec la possibilité d'une revendication autonomiste du Sud. Belle figure intègre et idéaliste de Marcellin Albert.

On met 4/10 pour le sérieux et la solidité de la documentation, mais, en tant que BD, le plaisir ne coule pas vraiment de source.