Quatrième épisode de la « Putain de guerre » selon Jacques Tardi : 1917, le ventre mou de sa grande fresque historique. La faute à une narration franchement mauvaise, un faux argot artificiel, et gonflé d’une naïveté assez improbable : tout cela pour bétonner dans l’esprit du lecteur une morale unique, a.k.a. la guerre c’est mal.

L’intrigue peine à trouver de la matière à raconter, elle brosse un grand portrait de la guerre sur tous les plans, depuis la lutte navale jusqu’aux batailles dans les Alpes ... mais rien de tout cela n’est vraiment bien exploité. Comme la révolution russe, comme les retrouvailles avec le soldat Allemand croisé en 1914, comme les mutineries : de bonnes idées, mais mal rendues.

Il reste quelques bons points, notamment l’arrivée des Américains, ou bien les tirailleurs sénégalais : mais on aurait pu faire mieux. Heureusement que le dessin sauve la mise : exit toutes les couleurs, ici c’est du gris et du noir exclusivement, des nuances et des masses d’obscurité. Un trait puissant et radical, parfois secoué par des éclats rouges ou jaunes ; les visages sont devenus brouillons, brisés, beaucoup plus grimaçants que dans les premières années de la guerre. Jacques Tardi confirme son talent inépuisable à la plume et au pinceau.

Et puis il y a l’épisode Paulet François, trois planches à peine, pourtant elles sauvent tout l’album. C’est une rupture totale avec tout ce qui vient avant ou après : soudain les explosions ont disparu, les visages sont saisis en gros plan, les personnages sont cadrés au buste. Même si la narration est un peu moyenne, c’est un intermède graphique et narratif qui tire toute la BD vers le haut. Dommage qu’il s’achève par le dessin le plus naïf de l’album, un général Nivelle trônant devant un amas de crânes et d’os.

Une indécrottable naïveté qui finit par lasser...
Wakapou
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le 5 oct. 2013

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