D'une certaine manière, ce tome fait suite à Hellboy & BPRD 02. 1953 (2016/2017), mais dans les faits, il n'est pas indispensable de l'avoir lu avant. Il comprend 3 histoires successives, toutes coécrites par Mike Mignola & Chris Roberson. La mise en couleurs de tous les épisodes a été réalisée par Dave Stewart.


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Secret Nature (2017, 22 pages, dessins et encrage de Shawn Martinbrough) - En mars 1955 dans une région fermière de l'Oregon, Hellboy intervient avec Woddrow Farrier (cryptozoologiste), suite au signalement d'un fermier (dont le racisme s'exprime clairement à l'encontre de Farrier) qui a signalé qu'il avait retrouvé plusieurs bêtes de son troupeau complètement dépecées. Hellboy et Farrier s'enfoncent dans la forêt alentour et découvrent une cabane avec 2 cadavres à l'intérieur, et un exemplaire du livre de Gustav Strobl, intitulé Sorcellerie et Démonologie, un guide pratique pour les sorcières, les démonistes et les covens.


Le lecteur retrouve avec plaisir cette série de minisérie consacrée aux aventures d'Hellboy avec le BPRD, débutée en 1952, sans oublier qu'il avait pu aussi lire les aventures d'Hellboy après la seconde guerre mondiale, en commençant à partir de 1946. Avec cette première histoire, il retrouve un déroulement classique : une enquête d'Hellboy sur un phénomène peut-être paranormal. Il apprécie de revoir Woddrow Farrier et son assurance qui lui permet d'affronter une forme de racisme ordinaire à l'époque. L'histoire suit le schéma habituel : des témoignages plus ou moins dignes de foi sur des apparitions d'un monstre, la découverte de la source des massacres, et un combat physique en bonne et due forme entre Hellboy et le responsable. Comme à son habitude, Mike Mignola fait l'effort de localiser le récit à un endroit et une date précise, et l'artiste fait le nécessaire pour montrer le lieu avec une dimension touristique permettant au lecteur de s'y projeter.


Shawn Martinbrough privilégie les cases de la largeur de la page, représentant les feuillages avec une bonne conviction. Ses dessins sont de nature descriptive et réaliste, avec un minimum d'efforts effectués pour donner une forme un peu marquante au monstre du récit, mais sans réussir à se montrer gore ou à l'opposé vaguement second degré. Du coup, le lecteur découvre une histoire dont la plus grande originalité est d'introduire un livre écrit par Gustav Strobl, l'un des personnages récurrents de la série consacrée à Abe Sapien. L'artiste ne prenant pas vraiment parti pour le premier degré ou le second degré, le combat physique tombe un peu à plat et son importance est réduite à néant par la résolution. Récit sympathique, mais oublié aussi vite qu'il a été lu.


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Occult Intelligence (2017, 66 pages, dessins et encrage de Brian Churilla) - En septembre 1955, Hellboy atterrit dans la base militaire de Reynolds, dans les Îles Marshall, dans le Pacifique Sud. Il fait escale sur le chemin du retour d'une mission en Australie, accompagné par plusieurs membres du BPRD : Wooddrow Farrier, Jacob Stegner, Archie Muraro. Ce dernier a le plaisir de reconnaître Hampton Taylor, un pilote militaire stationné sur la base. Ils vont boire un coup au mess, et évoquent ce qu'ils ont fait depuis la dernière fois qu'ils se sont vu, de la présence de prestataires privés sur la base, et de l'apparition de quelques créatures monstrueuses. Pendant ce temps-là, le professeur Trevor Bruttenholm s'est rendu à Londres, en compagnie de Susan Xiang. Ils sont accueillis par Harry H. Middleton et Xiang va rendre visite à la docteure N.K. Sandhu pour saluer Victor Koesler, pendant que Bruttenholm va saluer Lady Cynthia Eden-Jones chez elle.


Le lecteur plonge dans l'histoire principale de ce recueil, puisque comprenant 3 épisodes. Contrairement à Shawn Martinbrough, Brian Churilla choisit son camp, et c'est celui d'une touche de dérision. Le lecteur peut s'amuser à voir les expressions des visages juste assez appuyées pour devenir amusantes, le langage corporel également un peu surjoué à quelques occasions (en particulier celui de Lady Cynthia Eden-Jones) indiquant sa mauvaise foi de manière patente. Les combats physiques acquièrent donc une discrète saveur parodique. Dans le même temps, le lecteur observe que l'artiste ne s'intéresse aux décors que le strict minimum syndical, et que le langage corporel des personnages ne suffit pas toujours à masquer cet obstacle à l'immersion dans les différents environnements. En outre l'approche amusée des dessins ne colle pas vraiment avec la nature du récit.


Dans un premier temps, le lecteur retrouve le schéma classique d'un signalement parvenu au BPRD, ce qui va déclencher une enquête d'Hellboy, ici accompagné de 3 agents du BPRD Wooddrow Farrier, Jacob Stegner et Archie Muraro. Rapidement ces compagnons d'enquête se mettent à faire des références à des enquêtes passées (dans les tomes précédents), et Susan Xiang est elle-même une référence à une autre enquête passée, ainsi que Victor Koesler. Le lecteur plonge dans un récit qui dispose de profondes racines dans la mythologie de la série du BPRD. S'il en doutait encore, la présence d'enkeladite parachève sa prise de conscience. De manière inattendue, Mike Mignola a décidé de revenir à la méta-intrigue présente de manière sporadique dans cette série, y compris dans le fil narratif qui suit Trevor Bruttenholm à Londres. Le lecteur relève plusieurs éléments qui constituent des pierres de fondation pour une intrigue d'envergure à venir. Il n'en regrette que plus que Brian Churilla ne se soit pas cantonné à une narration visuelle au premier degré.


Alors que le récit commence comme une enquête de plus d'Hellboy sans conséquence et avec des dessins enjoués (mais parfois un peu vides), le récit continue en développant une intrigue comme le lecteur n'en attendait plus, aux multiples ramifications dans la riche mythologie de la série. 8 étoiles pour le lecteur fortement impliqué dans cette mythologie, 6 étoiles pour les autres.


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Burning Season (2018, 22 pages, dessins de Paolo Rivera, encrage de Joe Rivera) - À Port Orange en octobre 1955, il se produit un cas d'immolation ressemblant fortement à une combustion spontanée d'être humain. Hellboy, Trevor Bruttenholm et Susan Xiang (avec son Trishul) viennent enquêter sur place, dans une zone naturelle décorée par des statues de dinosaures, implantées là dans l'espoir de créer un parc d'attraction qui n'a jamais vu le jour, devant également comprendre la reconstitution d'un village séminole.


La dernière histoire revient à un format en 1 seul épisode, avec à nouveau une localisation différente. Le lecteur prend connaissance d'un nouveau signalement, relatif non à un monstre mais à un cas de combustion spontanée. Contre toute attente, Paolo Rivera et son père Joe ont décidé de rester dans un registre descriptif premier degré, alors que cet artiste maîtrise également très bien une forme de narration très consciente d'elle-même et des clichés qu'elle utilise. Il réussit à donner vie au monstre de feu sans tomber dans les clichés ou les images toutes faites et insipides, ainsi qu'à intégrer les éléments culturels, sans tomber dans la description ou la reconstitution de pacotille, ce qui incite le lecteur à s'impliquer plus dans l'intrigue.


Comme pour les autres récits, Mignola & Roberson jouent avec le lecteur, sous-entendant une fois sur deux qu'il s'agit d'une supercherie, et une fois sur deux qu'il s'agit des agissements d'une créature surnaturelle. Hellboy, Trevor Bruttenholm et Susan Xiang font preuve de plus qu'un minimum de personnalité. L'effet cumulatif de dessins descriptifs, d'une intrigue un peu plus étoffée que la première et de personnages avec plus d'épaisseur aboutit à un récit plein de suspense, car la situation est plus ambiguë et les protagonistes sont vraiment à la recherche d'indices et de faits. Comme dans la première histoire, le combat physique ne résout pas le conflit mais il y participe, sans se résumer à une mesure dilatoire, jusqu'à ce qu'un autre personnage trouve la solution.


Cette troisième histoire constitue la bonne surprise de ce recueil, avec une intrigue dense et rondement menée, servie par des dessins premier degré et agréables, avec un bon niveau de détails.

Presence
8
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le 13 févr. 2020

Critique lue 97 fois

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