MONSIEUR Urasawa !

Toutes les oeuvres d'Urasawa sont de petits bijoux de créativité et d'écriture, mais 20thCB est à mon sens la plus complète et aboutie. Comme s'il avait besoin d'un challenge, Urasawa a voulu viser plus haut, BEAUCOUP plus haut.

20thCB, c'est un gigantesque récit uchronique d'un demi-siècle (de 1969 à 2017), dans lequel on suit une bande d'amis essayant d'empêcher la fin du monde qu'ils ont imaginé étant gamins.

La narration s'articule majoritairement autour de 3 périodes : 1969-1973, 1997-2000 et 2014-2017. Nous jonglons donc d'une période à l'autre en permanence, et là où Urasawa frappe très fort, c'est qu'il arrive à le faire avec une fluidité exceptionnelle. Bien évidemment, le scénario est une nouvelle fois d'une grande complexité, entremêlant les multiples énigmes à travers ces 3 époques. Les rebondissements et cliffhangers sont légions, on ne peut s'empêcher de tourner les pages...

Les références historiques sont également très nombreuses, notamment concernant les années 60-70 : le premier pas sur la Lune, l'exposition universelle d'Osaka, Woodstock et surtout l'avènement du rock (le titre de l'oeuvre étant bien entendu une référence directe à la chanson "20th century boy" du groupe T-Rex).

Des thèmes divers et variés sont évidemment abordés : la fin du monde, les sectes, le millénarisme, la propagande, la manipulation, l'appréhension du passage au 21ème siècle ou encore la trahison.

Enfin, comment ne pas évoquer les personnages, l'essence même du succès de la série. Urasawa fait à nouveau parler son talent en créant un nombre incroyable de personnages différents, en prenant soin d'approfondir chacun d'entre eux comme il se doit. Impossible alors de ne pas s'attacher aux héros, dont nous suivons toute la vie, comme s'ils appartenaient à notre famille.

20thCB est donc une oeuvre absolument incontournable, qu'on soit fan de manga ou non. La seule question qui me vient à l'esprit est la suivante : Urasawa peut-il encore aller plus loin ? Dans tous les cas, il est clair qu'il n'a désormais plus rien à prouver et fera à jamais parti des rares personnes devant lesquelles je m'inclinerais volontiers.