« Blame! », c'est avant tout une expérience à vivre. Nihei nous plonge dans un univers sombre, glauque et hostile, composé essentiellement de mégastructures, semblant s'étendre à l'infini et en constante évolution. Nous sommes ainsi amenés à naviguer en compagnie du héros, Killy, au sein d'endroits toujours plus déroutants, parfois dôtés de leur propre gravité ou de failles spatio-temporelles.
Et le scénario dans tout ça ? Très complexe, sa compréhension constitue le principal challenge du lecteur. Interprétable à plusieurs niveaux, il est d'autant plus difficile à cerner en raison du nombre très restreint de dialogues. Nous sommes donc forcés de piocher dans le peu d'informations mises à notre disposition afin d'émettre une théorie sur ce à quoi nous sommes en train d'assister.
Mais il n'est pas nécessaire de comprendre « Blame! » pour l'apprécier. C'est justement cette incompréhension qui renforce l'ambiance si particulière instaurée au fil des pages.
Les dessins apportent également leur touche de singularité. Globalement brutaux, ils regorgent néanmoins de détails hallucinants, notamment en ce qui concerne les décors. Nihei prend un malin à plaisir à faire valoir ses capacités d'architecte, en nous fournissant des planches toujours plus contemplatives, dans lesquelles on peut régulièrement s'amuser à jouer à « où est Killy ? ».
En bref, « Blame! » est une véritable claque à découvrir par soi-même, et qui laisse une marque indélébile dans l'esprit de quiconque s'y frottera.