Ce tome comprend les 3 épisodes de la première minisérie parue en 2002, c'est-à-dire le tout début des cycles de 30 days of night qui a été adapté en film 30 jours de nuit.


Dans l'état d'Alaska, Barrow est la ville des États-Unis située le plus au nord du pays. Elle existe réellement ; elle se trouve à environ 550 kilomètres du Cercle arctique. Le récit commence le 17 novembre 2001, ce qui correspond au début d'une période de 30 jours pendant lesquels le soleil ne se lève pas sur Barrow. Le shérif Eben Olemaun répond à un appel de Stella, sa femme, qui est aussi son adjointe. Elle a retrouvé les téléphones portables qui ont été volés à tous les habitants de Barrow. Ils ont été jetés à la mer dans un trou de la banquise. Après avoir assisté avec elle au dernier coucher de soleil avant un mois, il se rend au bar local où un étranger est en train de s'exciter parce que le patron refuse de lui servir de la viande crue et de l'alcool (la vente d'alcool est interdite à Barrow, véridique également). Après avoir arrêté le fauteur de troubles, il doit enquêter avec Stella sur la rupture soudaine de tous les réseaux de communications de la ville.


La couverture indique de manière claire que les soucis divers du shérif sont causés par un groupe de vampires. Les vampires de 30 days of night sont vulnérables à la lumière et ils ont décidé de s'offrir 30 jours de beuverie sanguinaire au frais des habitants de Barrow, pendant la nuit la plus longue. Cette histoire est remarquable à plusieurs points de vue. Pour commencer il s'agit d'une histoire relativement courte avec un scénario très simple, très linéaire, et très aéré. Avec le recul de la lecture, j'ai même encore du mal à croire que Steve Niles (le scénariste) ait réussi à tirer 3 épisodes d'une histoire aussi squelettique. Il est aussi remarquable par le peu d'informations qu'il donne sur les vampires : ils sont difficiles à tuer, ils se repaissent de sang, ils sont sans pitié et ils craignent le soleil. Il y a très peu d'informations sur leur organisation. Le récit se concentre sur Eben et Stella Olemaun sur lesquels le lecteur n'apprendra pas non plus beaucoup de choses.


Le scénario lui-même présente quelques défauts. Le début fait monter la tension parce que le lecteur a beau connaître l'intention des vampires, il ne peut pas deviner comment ils vont s'y prendre, ou l'étendue de leurs intentions. En face, la communauté d'humains semble condamnée dès les premières pages, sans aucun espoir de survivre plus de 2 jours, encore moins une trentaine. Et pus tout d'un coup, la fin de la période des 30 jours de nuit arrive à son terme, avec un dénouement rapide qui semble sortir de nulle part.


Il y a également ces illustrations qui ne font pas très sérieux. Elles oscillent entre des gribouillis, des dessins enfantins et des cases difficilement déchiffrables. Et pourtant, Ben Templesmith réussi t à créer une ambiance enneigée, ténébreuse et glauque. Il faut dire que son mode d'expression premier repose plus sur les couleurs que sur les contours. La première page se compose de 3 cases horizontales de la largeur de la page qui constitue un travelling avant vers Barrow. Grâce à un camaïeu de gris et quelques formes basiques choisies, le lecteur a l'impression d'être dans cette étendue neigeuse crépusculaire. La double page suivante mélange une grosse masse sombre avec un halo bleu et un halo rouge vers le haut, et beaucoup de floutage. Là encore, le lecteur n'éprouve aucune difficulté pour reconnaître un véhicule de police avec ses gyrophares, circulant dans un tourbillon de neige.


Derrière des abords de dessins d'amateur, Ben Templesmith utilise une technique redoutable et efficace qui repose sur une vision d'artiste. Il hiérarchise habilement ce qu'il représente pour contraindre le lecteur à reconnaître les individus et les objets dans des formes plutôt vagues, à la limite du gribouillis ou de l'abstraction, tout en dessinant avec précision un élément ou un autre (les dents des vampires, les tâches de sang). Ces derniers acquièrent une incroyable force graphique par contraste avec ceux qui sont esquissés. Et les couleurs unissent ces 2 extrêmes dans des ambiances qui engloutissent le lecteur. Templesmith parvient à faire éprouver des sensations au lecteur et des émotions qui ne se limitent pas à la peur.


Sous des dehors amateurs, Ben Templesmith plonge littéralement le lecteur dans ses visions de cauchemar, rendues possibles par un scénario simpliste, mais efficace. Sans renouveler le genre des histoires de vampires, ils en proposent une vision bestiale, brutale et angoissante. Ils ont donné une suite à ce récit dans Jours sombres.

Presence
10
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le 14 mars 2020

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Presence

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