Comment dire à quel point ce livre est une merveille ?
Graphiquement d'abord. Pour qui ne connait pas le trait d'Igort, auteur, scénariste, dessinateur et éditeur, l'ouverture de ce livre peut destabiliser. Le dessin est assez peu "bd", plutôt très inspiré de l'illustration, plutôt pas contemporaine ( je tente vainement de mettre une date sur ce trait : les années trente ? Les années cinquante ? Avant ? ).
Avec ce trait quasi minimal (on a très peu de décor, même si les personnages sont eux parfaitement posé), Igort raconte pourtant merveilleusement. Pour ce livre, le choix de la bicromie en noir et bleu (et le blanc du papier) contribue à une ambiance très "blues".
Le découpage est impeccable. L'histoire est une histoire de truands. Un père et son fils dîne ensemble. Le père, ancien tueur rangé des voitures, sert la soupe à son fils qui a repris le business du père.
Mais le fils va se faire tuer et, pour le venger, celui-ci ressort l'artillerie lourde et renoue avec son passé.
Cette histoire, classique du polar par bien des aspects, est servie par des silences savoureux et des dialogues au cordeau. Parfois mystérieux, tout trouve une explication et la fin vient récompenser le lecteur tenace qu ifinra émerveillé.
Une véritable merveille.
Pour en lire plus, il y a un petit article de l'excellente revue numérique DU9 ici
**Pour conclure avec un peu de fiel, redisons tout le mal qu'on pense de la collection ECRITURES de Casterman, une collection qui formate des chef d'oeuvre comme BLANKET ou FLOWERS dans un packaging dégueulasse : fond blanc, typo énorme et moche avec interlignes volontairement resserés pour créer une grosse masse, un bloc typographique indigeste qui prend le pas sur le dessin, dans un véritable contresens éditorial.
Le tout réduit pour rentrer dans un seul format. Un gâchis organisé. Surement nécessaire aux yeux du marketting pour remettre en avant à pas cher certaines œuvres (ce livre fait déjà parti du fond casterman), alors qu'une mouture plus belle ne couterait pas plus cher à produire, mais demanderais, oui, de passer du temps sur l'objet, au lieu de le balancer dans la machine à formater. Beurk.**
Dans l'édition originelle, parue dans la collection ROMANS toujours chez CASTERMAN (qui fait par ailleurs des merveilles) la couverture, si elle n'était pas la plus efficace avait le mérite de la beauté. La belle taille du livre rendant hommage aux planches intérieures. Cherchez donc cette édition d'occase si vous en avez l'occasion.